Nounou espionnée, parents relaxés

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avec Jean-Luc Boujon , modifié à
L’assistante maternelle avait attaqué les parents pour atteinte à sa vie privée.

La justice vient de rendre une décision qui ne manquera pas d'intéresser les parents qui emploient au quotidien une assistante maternelle. Les parents qui avaient espionné leur baby-sitter viennent d’être relaxés par le tribunal correctionnel de Lyon.

Tout débute en janvier 2011, à Couzon-au-Mont-d’Or, près de Lyon. Les parents d’un bébé d’un an soupçonnaient leur assistante maternelle de mal s’occuper de leur enfant. Lucas rentrait chez lui “grognon“, assoiffé et avec les fesses rouges, ce qui a poussé les parents à “espionner“ leur employée pour en avoir le cœur net. Les parents avaient donc placé un enregistreur numérique dans le gilet de l’ours en peluche qui servait de "doudou" au petit Lucas.

Un abandon de l’enfant au sous-sol

Suite à l’écoute de l’enregistrement de huit heures, les parents notent un évident délaissement de l’enfant, un manque de soins, et donc une “forme d’abandon“. Ils décident alors de déposer une plainte à la gendarmerie. Mais cette plainte est classée sans suite, faute de preuve, bien que l’enquête ait révélé plusieurs anomalies. Le bébé était mis à l’écart des pièces d’habitation principales pour être gardé dans une pièce aménagée au sous-sol non loin du garage. De plus, la baby-sitter passait la majeure partie de son temps au téléphone, laissant l’enfant seul, “sans baby-phone, sans surveillance, sans jamais le voir si ce n’est le temps de le faire manger à midi“, a précisé l’avocate des parents.

Reste que lorsque la nourrice découvre qu'elle est espionnée, elle se retourne alors contre les parents, portant plainte pour atteinte à la vie privée.

“La fin justifie absolument les moyens“

Le tribunal correctionnel de Lyon a estimé, au final, mardi que les parents n’avaient aucunement l’intention de porter atteinte à leur employée, privilégiant la reconnaissance du droit aux parents soupçonneux de s’assurer de la sécurité de leur enfant. Pour l’avocate de la famille, Me Béatrice Bertrand “la fin justifie absolument les moyens“. “La santé d’un enfant, c’est un principe essentiel qui doit, lui, être respecté, et qui doit détrôner le sacro saint principe de la vie privée“ a-t-elle ajouté à la sortie de l’audience au micro d'Europe 1.

Une décision que déplore l’avocat de la nourrice. “Les parents ont désormais tous les droits“ s’est emporté, Me Xavier Moroz. “Traumatisée“ d’après son avocat, la nounou n’a toujours pas repris d’activité. Quant aux parents de Lucas, ils sont partis vivre aux Caraïbes.