Elle se prostitue pour son fils autiste

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Eve Roger avec Sophie Amsili , modifié à
TEMOIGNAGE E1 - La meilleure méthode de traitement n'est pas remboursée, dénonce-t-elle.

"L'Etat a été mon proxénète. L'Etat a failli me conduire à la mort." Muriel ne mâche pas ses mots pour décrire son calvaire et dénoncer le manque de moyens pour lutter contre l'autisme. Cette mère niçoise d'une trentaine d'années, qui a accepté de témoigner sur Europe 1, a décidé de se prostituer pour financer le traitement de son fils autiste de 5 ans.

Depuis la naissance de celui-ci, Muriel ne travaille plus. Pour donner le meilleur à son fils, elle opte pour la méthode dite "éducative", recommandée par la Haute autorité de santé mais que la Sécurité sociale ne rembourse pas. Muriel et son mari paient ainsi de leur poche le salaire des trois éducatrices qui se relaient toute la semaine auprès de son fils. Soit 2.000 euros par mois.

"Tout le monde en parle sur les réseaux sociaux"

Les parents ont "vendu énormément d'objets précieux" mais "ça n'a pas suffi", assure-t-elle. La jeune mère en est donc venue à une solution extrême, ignorée de son mari : la prostitution. "Tout le monde en parle sur les réseaux sociaux, explique-t-elle. 'Un jour, on devra se prostituer, on en arrivera là, c'est sûr et certain'. Je me suis dit en fin de compte, c'est ça la solution, en attendant que tout s'arrange, on n'a pas d'autre choix."

Cinq fois, Muriel se prostitue et rapporte 7000 euros pour financer le traitement de son fils. Jusqu'au jour où, enfermée dans la chambre d'un grand hôtel, un client menace de la tuer.  "Je me suis rendue compte que je pouvais perdre la vie (…) à cause de l'Etat", accuse-t-elle. "J'ai fait tout ça pour mon fils, ma famille et en fin de compte j'ai failli perdre la vie"

Alors Muriel, qui a constaté les progrès récents de son fils, veut témoigner pour les autres parents dans la même situation. "Je suis sûre que je ne suis pas la seule, que d'autres mamans le font", affirme-t-elle.  Son témoignage résonne bien étrangement alors que s'achève 2012, dont la grande cause nationale était justement la lutte contre l'autisme.