Coupe du monde : effacer l'Euro 2016, l'obsession des Bleus

Antoine Griezmann, hagard sur la pelouse du stade de France le 10 juillet 2016, a l'occasion de chasser enfin ce mauvais souvenir.
Antoine Griezmann, hagard sur la pelouse du stade de France le 10 juillet 2016, a l'occasion de chasser enfin ce mauvais souvenir. © Valery HACHE / AFP
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Le traumatisme vécu il y a deux ans à l'Euro 2016 a servi de leçon à l'équipe de France, qui aborde sa finale de la Coupe du monde, dimanche, avec un tout autre état d'esprit.

De l'aveu même de Didier Deschamps, ils ne l'ont "toujours pas digérée". Deux ans ont passé depuis ce 10 juillet 2016, mais cette cruelle finale de l'Euro, perdue à domicile contre le Portugal (1-0, a.p.) est encore bien ancrée dans la tête des Bleus. De ce traumatisme, les joueurs de l'équipe de France ont au moins acquis une vertu : celle de ne pas s'enflammer avant que le travail ne soit fini. Un mantra qu'ils ne cessent d'appliquer, à quelques jours de leur finale de Coupe du monde contre la Croatie, dimanche à Moscou.

Tête froide après la demie. Le message du sélectionneur - "une finale, ça se gagne" - est bien passé. Mardi soir, dans la foulée de la demi-finale remportée contre la Belgique (1-0), les images qui ont filtré des coulisses, sur les réseaux sociaux, ont moins laissé place aux effusions de joie qu'à l'accoutumée.

"Il ne faut pas que ça recommence". Dans les mots aussi. Et pour cause : "J'étais content à l'Euro 2016. On avait fait quelque chose d'extraordinaire en battant l'Allemagne en demi-finale. Après, on est passés à côté en finale. Il ne faut pas que ça recommence. Aujourd'hui, on est en finale. C'est bien, on savoure un peu aujourd'hui. Dès demain, on se reconcentre pour le match", a notamment confié un Paul Pogba déterminé au micro de BeIN Sports.

Pas un joueur de l'équipe de France ne s'y voit déjà. Ou en tout cas, ils ne le disent pas. Pour Samuel Umtiti, héros français contre les Diables rouges, "il reste une marche. On a un pied dessus, il faut mettre le deuxième". Pour Steven N'Zonzi, "il faut aller au bout, on n'a pas le choix".

"En 2016, on pensait que c'était presque acquis. Là, c'est différent". Et Olivier Giroud, l'un des neuf joueurs de l'équipe de France présent à l'époque, d'expliquer à son tour : "Après la victoire en demi-finale contre l’Allemagne, on avait été un peu euphoriques, on pensait que c’était presque acquis. Je ne sais pas, mais là c’est différent". Oui, quelque chose a changé depuis cette soirée d'été où les larmes de Blaise Matuidi, entre autres, avaient coulé sur la pelouse du Stade de France.

Une plus grande maturité. Blessé à un mollet, Raphaël Varane n’était pas là en 2016. Mais le défenseur du Real Madrid a un début d'explication : "La dynamique est très bonne, comme en 2016, mais l'équipe est plus mature. Il y a plus d'expérience", a-t-il analysé, dès mardi soir.

Un rôle à jouer pour les cadres. Certes le groupe est jeune - un peu moins de 26 ans -, certes 11 joueurs sur les 23 n'avaient pas dépassé le cap des dix sélections avant d'arriver en Russie. Mais les cadres sont déjà prêts à jouer leur rôle. "Ceux qui y étaient auront leur mot à dire", a confirmé Hugo Lloris. "Le groupe vit bien, on échange, les jeunes sont réceptifs et c’est important. On a l’expérience de cette mésaventure et on va tout mettre en œuvre pour mettre les avantages de notre côté pour gagner ce match", a prévenu le gardien tricolore.

Griezmann sera-t-il de ceux là ? Sans aucun doute. Car le joueur de l'Atlético de Madrid garde un très mauvais souvenir de cette année 2016, qui l'avait vu échouer en finale de la Ligue des champions – avec un penalty raté - avant de passer à côté de son premier titre avec les Bleus. En 2018, tout a changé. Pour preuve, le même "Grizou" a remporté la finale de la Ligue Europa, inscrivant même un doublé contre l'OM. Suffisant pour conjurer le sort ? Réponse dimanche contre la Croatie, sur la pelouse du stade Loujniki, à Moscou. Loin, très loin du Stade de France.