Start-up, grands groupes et politiques se pressent au CES de Las Vegas

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Le CES ouvrira jeudi 5 janvier. © ROBYN BECK / AFP
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Cette année encore la France sera très largement présente au Consumer Electronic Show de Las Vegas. Au côté des start-up, les grands groupes et les politiques sont de plus en plus nombreux.

Impossible de passer à côté des Français au CES 2017. Si les start-up hexagonales occupaient déjà une place de choix au grand salon mondial de l’électronique qui se tient chaque année à Las Vegas au début du mois de janvier, elles seront accompagnées pour cette édition 2017 de nombreux grands groupes français et de plusieurs candidats à l'élection présidentielle française. Derrière ce mouvement de fond, la preuve que le numérique est un secteur de plus en plus important en France et qu'il sera l'un des enjeux de la campagne 2017.

De petites et grandes start-up

Du côté de la mission French Tech, une initiative du ministère de l'Economie, on jubile. La France reste cette année encore la deuxième délégation étrangère de start-up à Las Vegas. 233 start-up françaises feront le déplacement aux Etats-Unis du 5 au 8 janvier prochain. La grande majorité (178) sera présente à l'Eureka Park, la partie du salon qui leur est dédiée. Il y a un an, elles étaient 128 à avoir fait le voyage. Parmi toutes ces entreprises, on retrouve de grands noms de la French Tech déjà connus comme le spécialiste des objets connectés Withings ou encore Netatmo. Pour elles, le principal intérêt du CES est de présenter de nouveaux produits qui seront disponibles au cours de l'année. 

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Aller au CES c'est un gros investissement financier

Sur les 233 start-up présentes, près de la moitié seront au Consumer Electronic Show pour la première fois. Pour elles, le but est différent. Certaines veulent présenter leurs nouveautés, d'autres trouver des partenaires aux Etats-Unis. "Nous allons au CES avec plusieurs objectifs : prendre la température des marchés sur lesquels nous pourrions nous lancer en Amérique du Nord et en Europe, mais aussi des objectifs de communication en rencontrant un maximum de journalistes et d’influenceurs et enfin pour faire de la veille concurrentielle", confirme Linh Tran, cofondatrice de Divacore, une jeune entreprise spécialisée dans l'audio qui part à Las Vegas pour la première fois. Et l’investissement est lourd. "Nous partons tous (les trois co-fondateurs et employés) au CES. C'est un gros investissement financier, mais pas seulement. Il faut aussi penser à l'investissement humain car nous serons tous là-bas et il va falloir gérer en parallèle les affaires courantes. Et puis c'est un investissement en temps : avant le salon pour le préparer, pendant, et après pour gérer les retombées et concrétiser les rencontres", détaille-t-elle.

Pour les start-up, en raison du coût du voyage, rapidement proche des 50.000 dollars en ajoutant transport, hébergement, emplacement et montage du stand, il n'est pas toujours évident de se rendre au CES. Certaines profitent donc des délégations emmenées par des agences. Business France finance par exemple le voyage de 28 start-up qu'il a sélectionnées.

Les grands groupes en pointe

Outre Business France, plusieurs grands groupes prennent en charge la participation de start-up. Ils sont même de plus en plus nombreux. De son côté, Engie emmènera quatre start-up sur place pour la deuxième année consécutive. "Nous investissons aussi de manière minoritaire dans les start-up qui peuvent nous aider et ce sont ces entreprises qui viennent avec nous au CES. En les amenant à Las Vegas elles peuvent gagner en visibilité, se développer. Cela nous avons l'occasion de faire du co-développement commercial", détaille explique Stéphane Quéré, vice-président en charge de l'innovation chez Engie. La Poste ou encore le Crédit Agricole via son initiative le Village by CA vont faire de même en laissant de la place à plusieurs entreprises sur leurs stands.

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On assiste à une prise de conscience des grands groupes

"On assiste à une prise de conscience des grands groupes. Ils se rendent compte de leur besoin de se transformer grâce au numérique, de leur besoin d’être plus près des écosystèmes digitaux et notamment de ce qui passe aux Etats-Unis à la fois pour créer des partenariats avec des acteurs locaux, se rapprocher d’un certain nombre de start-up avec lesquels ils pourraient dégager des synergies, mais aussi pour comprendre ce qui se passe et être plus visibles", détaille Thomas Husson, analyste chez Forrester. "La difficulté pour les grands groupes c’est tout de même d'éviter que ce soit l’arbre qui cache la forêt. Il faut qu'il y ait derrière cette démarche une vraie transformation interne et ça, ça ne se passe pas dans les salons", détaille-t-il.

Parmi ces groupes, le spécialiste de la maison Legrand, celui des objets connectés Sigfox ou encore Devialet pour l'audio haut de gamme ont réservé des stands sur place. "Le CES, de par sa mutation vers la maison connectée, devient un lieu incontournable d’autant qu’il a un impact particulier en France, où il est très médiatisé. Et on retrouve aussi beaucoup d’acteurs français sur place", indique Jérôme Boissou, responsable marketing du programme IoT du groupe Legrand. "En allant là-bas, nous pouvons répondre à trois besoins : la présentation d'innovations très fortes à un moment clé mais aussi, comme nous sommes très présents en Amérique du Nord, la présentation de solutions adaptées à ce marché. Enfin, et c'est très important, c’est un lieu où l'on peut rencontrer les leaders d'opinion et tisser des relations avec des start-up et de possibles partenaires. C'est lors du CES 2014 que nous avons rencontré La Poste avec qui nous travaillons désormais".

Les politiques se pressent sur place

Enfin, et la tendance est relativement nouvelle, les politiques seront nombreux à se bousculer dans les allées du Convention Center. Lorsqu’il était à Bercy, Emmanuel Macron avait pris l'habitude de se rendre sur place. Cette année, ce sont Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat en charge du Numérique et de l'Innovation, mais aussi Michel Sapin, ministre de l'Economie et des Finances qui représenteront le gouvernement. Une évidence pour Axelle Lemaire. "C'est une part de mon travail. Premièrement, cela me permet de rencontrer les start-up. Pour la première fois, je vais tenir sur place une permanence où les start-up pourront venir discuter avec moi en one-to-one afin de m’expliquer leur problème et que nous puissions ensuite les traduire en réponse des pouvoirs publics", explique la ministre à europe1.fr. La venue d'Axelle Lemaire et Michel Sapin doit aussi permettre de vanter les réussites françaises auprès des médias étrangers.

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Je vais tenir une permanence pour que les start-up puissent discuter avec moi en one-to-one

Le vainqueur de la primaire de la droite et du centre, François Fillon, va aussi se rendre sur place. Et son objectif sera quelque peu différent : séduire les entrepreneurs dont plusieurs ont déjà jugé son programme peu séduisant dans le domaine du numérique. "Il a été lui-même ministre de la Recherche et il est absolument passionné par le numérique", répond-t-on dans son entourage.

Le CES va-t-il se transformer en centre de la campagne pour l’Elysée durant une semaine ? C’est ce que craint Axelle Lemaire. "Je trouve que c’est risible et je ne suis pas certaines que cela participe de la crédibilité de la French Tech à l’étranger si un salon commercial international devient le terrain de jeu d’une élection présidentielle française. C'est de la com pour de la com", tacle la secrétaire d'Etat au Numérique et à l'Innovation.