Armée : La guerre des 'Terminator' "n'est pas pour maintenant mais le chemin n'est pas si long"

Un soldat devant iun drone Reaper français, à Niamey.
Un soldat devant iun drone Reaper français, à Niamey. © PASCAL GUYOT / AFP
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A.D
Au lendemain de l'annonce de l'armement de drones, Franck Decloquement, enseignant spécialiste des problématiques cyber, dresse le portrait des terrains de combats présents et futurs.
INTERVIEW

La France utilisera désormais des drones armés pour intervenir sur certains théâtres d'opérations, a annoncé mardi Florence Parly, ministre des Armées. Franck Decloquement, enseignant à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), spécialiste des problématiques cyber, était l'invité de l'émission C'est arrivé demain pour expliquer si l'on se dirige vers une armée à la "Terminator".

"Un autre degré". Sur le terrain, la France va armer six drones destinées à intervenir dans la région du Sahel et elle va acquérir six autre drones américains déjà armés en 2019. "Jusqu'à maintenant, les drones servaient au renseignement (...), à la reconnaissance du terrain. On passe maintenant à un autre degré qui est l'armement" avec missiles. Franck Decloquement souligne que les drones sont toujours sous commande et qu'ils ne sont donc pas des robots tueurs autonomes. "Il y a toujours un pilote derrière. Les drones sont très prolixes en ressources humaines." A titre d'exemple, quatre drones Reaper américains demandent la mobilisation de 170 personnes. Ce qui fait pour l'instant d'un drone "un avion de chasse dont le poste de pilotage est déporté".

"Encore un tabou". La France se lance dans l'armement de drones, après l'Allemagne et l'Italie notamment. Ce délai est dû selon Franck Decloquement à une question d'éthique. "On a toujours la vertu chevillée au corps et le fait d'utiliser des drones armés qui peuvent être utilisés pour des exécutions ciblées" ancre leur utilisation dans une problématique "de réplique proportionnée. On a peur que les gens aient le sentiment qu'on va procéder à des exécutions ciblées en masse. Il y a encore un tabou."

Recherche à grande vitesse. Un tabou qui s'explique par la dématérialisation. La guerre via écrans interposés a immédiatement fait penser au jeu vidéo. "On peut imaginer ce que l'on appelle le badge Playstation, c'est-à-dire l'opérateur qui exécute" sans "l'éthique du courage au combat", ce qui pose un problème de légitimité à certains. Une notion relativisée par le spécialiste : "un artilleur qui envoie son obus tue à distance" également. Reste que la guerre des "Terminator" avec des robots tueurs munis d'une intelligence artificielle n'est pas pour maintenant. "En tout cas dans la manière dont ça a été popularisé à l'écran, on a encore du chemin à faire" notamment en termes de batterie et d'intelligence artificielle. "Mais le chemin n'est pas si long quand on voit la célérité de la recherche", prévient le spécialiste.