Victoire de Justin Gatlin : "Il faut que l'agence antidopage prenne ses responsabilités"

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A.H. , modifié à
La victoire en finale du 100 mètres de Justin Gatlin, samedi soir aux Mondiaux d'athlétisme, est vivement critiquée, car l'Américain a été suspendu deux fois pour dopage.
INTERVIEW

La tristesse et la déception sont toujours perceptibles, deux jours après la troisième place de Usain Bolt sur 100 mètres, au Mondiaux d'athlétisme. "Nous savions que c'était sa dernière grande course, et compte tenu de ce qu'il a apporté à l'athlétisme mondial, il fallait que ça se termine bien. On savait qu'il n'était pas au mieux de sa forme. Il a été blessé en début de saison et revenait difficilement", note Bernard Amsalem, membre du conseil de la Fédération internationale (IAAF), invité de la matinale d'Europe 1 lundi.

Bolt "rayonnait par son humour". Véritable légende dans son domaine, le multi-médaillé Usain Bolt aura laissé une empreinte indélébile sur les pistes. "C'était aussi une personnalité, il rayonnait par son humour en conférences de presse, sur le stade. (…) Il faudra sans doute attendre quelques années avant d'avoir à nouveau quelqu'un comme Bolt", souffle Bernard Amsalem, également ancien président de la Fédération française d'athlétisme.

"Cette victoire pose problème". La défaite de Usain Bolt, c'est aussi et surtout la victoire de l'Américain Justin Gatlin. Devenu le pestiféré des stades après deux suspensions pour dopage, en 2006 et 2010, le sprinteur a été copieusement hué par le public londonien samedi soir, et très critiqué par les commentateurs. Bernard Amsalem ne cache pas son scepticisme. "À un moment où on essaie de redorer l'image de notre sport après toutes ces affaires de dopage, cette victoire pose un problème, elle pose des questions", assène-t-il. "Faut-il changer les règlements ? Il a eu deux suspensions. Est-ce qu'il ne faudrait pas, sur une récidive, suspendre les athlètes à vie ? On leur donne une chance, mais pas deux. Je préconise cela", insiste-t-il.

"S'il y a quelqu'un à blâmer, c'est l'AMA". Alors que faisait Justin Gatlin sur la ligne de départ ?, s'interrogent certains. La Fédération internationale, dont est membre Bernard Amsalem, a été accusée d'avoir laissé faire. Une critique que réfute en bloc l'ancien patron de la Fédé. "La Fédération internationale d’athlétisme est aux ordres du Tribunal arbitral du sport (TAS) et l'Agence mondiale antidopage (AMA). S'il y a quelqu'un à blâmer, ce n'est pas l'IAAF, c'est bien l'AMA. Il faut que l'AMA prenne ses responsabilités".