Mondiaux d'athlétisme : les (quelques) chances françaises

Renaud Lavillenie (1280x640) Alain GROSCLAUDE/AFP
Renaud Lavillenie sera une nouvelle fois la meilleure chance de titre pour l'athlétisme français à Pékin. © Alain GROSCLAUDE/AFP
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MÉDAILLABLES - Les athlètes français susceptibles de faire une médaille à Pékin, du 22 au 30 août, sont fort peu nombreux. Présentation.

L'équipe de France, qui avait obtenu quatre médailles lors des deux dernières éditions, va avoir bien du mal à obtenir un bilan aussi flatteur lors des Mondiaux de Pékin, qui débutent samedi. Europe 1 passe en revue les meilleures chances de la délégation française, forte d'une grosse quarantaine de membres (43 exactement), avec l'avis éclairé de l'ancien entraîneur national de la perche et consultant d'Europe 1, Jean-Claude Perrin.

Il est favori. De perche, il est évidemment question pour le seul et unique favori tricolore de ces Mondiaux : l'inévitable Renaud Lavillenie. L'athlète tricolore possède à peu près tout ce que l'on peut posséder dans la discipline, sauf le titre de champion du monde en plein air. Leader de la Ligue de Diamant, il domine encore de la tête et des épaules les bilans mondiaux, avec un saut à 6,05 m à Eugene, 11 centimètres devant son dauphin, l'Allemand Raphael Holzdeppe (5,94 m). Mais son zéro au Stade de France, alors qu'il était très attendu, prouve que rien n'est joué à l'avance. "Il est l'homme à battre, et la pression n'est pas uniquement technique", relève Jean-Claude Perrin. "Et, comme dans toutes les épreuves avec un favori aussi net, la foule vient voir si, pour une fois, le dompteur ne va pas être mangé."

Ils sont outsiders. Brillant champion d'Europe en salle cet hiver, Pascal Martinot-Lagarde (photo ci-dessous) a su relever la tête après sa déception lors des "Europe" en plein air, l'an dernier, où il avait dû se contenter de la 3e place. Il est cette année le quatrième meilleur performeur de l'année et peut espérer se glisser sur le podium. "Pour moi, il peut gagner ou être 8e. Les haies sont la discipline à risque de l'athlétisme, avec la perche", insiste Jean-Claude Perrin.

Pascal Martinot-Lagarde (960x640)

Egalement quatrième dans les bilans, la lanceuse de marteau Alexandra Tavernier comptera sur sa jeunesse pour contrarier les favorites, la Polonaise Anita Wlodarczyk et l'Allemande Betty Heidler. "Qu'on lui donne la même aide qu'aux jeunes joueuses de tennis françaises et on pourrait entrevoir un podium pour Rio", relève avec malice notre consultant. Troisième aux Mondiaux 2011 mais aussi aux Jeux 2012 (après déclassement des Américains en raison d'un contrôle positif pour Tyson Gay), le relais 4x100 m masculin peut espérer jouer le rôle d'arbitre entre les deux colosses du sprint mondial, les Etats-Unis et la Jamaïque. "Cela reste aléatoire", considère Jean-Claude Perrin. Le relais 4x400 m féminin, double champion d'Europe, en plein air (avec le fabuleux retour de Floria Gueï) et en salle, peut de la même manière espérer jouer une médaille. "Il y a une bonne équipe, combative et solidaire. Mais pour être compétitif, il faudra améliorer les temps de Zurich."

Ils peuvent faire un coup. Le 4 juillet dernier, Jimmy Vicaut a surpris tout le monde en égalant le record d'Europe du 100 m de Linford Christie en 9"86. Ce temps canon, réalisé dans la foulée du Jamaïquain Asafa Powell (9"81), le place à la quatrième place des bilans, devant... Usain Bolt (9"87). Avec huit coureurs à 9"88 ou moins cette saison (et 25 coureurs sous la barre des dix secondes !), la densité sur cette distance est terrible. Dans ces conditions, une place en finale serait déjà une belle performance pour l'élève de Guy Ontanon. "Les places en finale seront chères, il y aura trois "demi-finales" et seulement deux qualifiés par course plus deux qualifiés au temps, donc ce sera difficile", rappelle Jean-Claude Perrin." Ce sera compliqué également pour Christophe Lemaitre sur 200 m. Si ses ambitions sont logiquement assez basses sur 100 m, le "TGV de Culoz" a réussi un chrono de 20"21 cette saison sur le demi-tour de piste, ce qui ne le place pas exactement parmi les favoris (29e performeur de l'année). Mais son expérience des grands championnats pourrait lui servir, au moins pour entrer en finale. "Il y a quand même une incertitude sur son état physique, car il a été blessé", note notre consultant.

Lemaitre et Vicaut (960x640)

Entrer en finale, ce sera également l'objectif minimal de Mélina Robert-Michon, 8e meilleure performeuse de l'année au disque. Deuxième des championnats d'Europe l'an dernier, elle devra espérer une contre performance des Cubaines Caballero et Perez et de la Croate Perkovic pour espérer mieux qu'un accessit. Sur 800 m, Pierre-Ambroise Bosse, 7e en 2013, voudra jouer sa carte à fond, avec la fraîcheur qui le caractérise. "Je l'attends beaucoup mieux, au moins au niveau de son record de France (1'42"53), il a les qualités de vitesse pour justement inquiéter les meilleurs." Sur les haies, Garfield Darien (110 m) et Cindy Billaud (100 m) ont le mental pour entrer dans les huit.

A la longueur, Kafétien Gomis, "l'homme du sixième essai, voire du septième", note avec ironie Jean-Claude Perrin, cherchera lui aussi à entrer en finale. Ses 8,26 m cette année (10e performeur) lui autorisent quelques espoirs. Privé de sa médaille d'argent aux Mondiaux de Moscou pour un passage de témoin non conforme, le relais 4x100 m féminin français cherchera à effacer ce mauvais souvenir. Mais là encore, Américaines et Jamaïquaines seront difficiles à battre. "Le mérite de leur présence est à partager entre leurs talents et la mansuétude de la direction technique car on ne peut pas dire qu'elles aient réalisé de grandes performances individuelles…" La meilleure relayeuse française cette année, Céline Distel-Bonnet, n'est ainsi que la 122e performeuse de l'année. Autant dire qu'il faudra à la France jouer à fond la carte de l'esprit d'équipe sur ce relais, médaillé d'argent derrière les Russes, l'an dernier, lors des championnats d'Europe (photo ci-dessous).

Relais 4x100 m féminin (960x640)

Ils ne sont pas là. Si les chances françaises de médailles sont si peu nombreuses, c'est aussi parce que la liste des absents est longue, notamment parmi les leaders traditionnels de l'athlétisme tricolore : Teddy Tamgho (triple saut), Mahiédine Mékhissi (3.000 m steeple), Yohann Diniz (marche), Eloyse Lesueur (longueur), Christelle Launay (marathon), Kévin Mayer (décathlon), Antoinette Nana-Djimou (heptathlon) ou encore Wilhem Belocian (champion du monde junior du 110 m haies) sont tous blessés. Autant de noms qui chercheront à être au top de leur forme l'an prochain, pour les Jeux olympiques de Rio.

 

La sélection française à Pékin :

HOMMES
100 m : Jimmy Vicaut, Christophe Lemaitre
200 m : Christophe Lemaitre, Jeffrey John
400 m : Mame-Ibra Anne
800 m : Pierre-Ambroise Bosse
1.500 m : Morhad Amdouni
110 m haies : Pascal Martinot-Lagarde, Garfield Darien, Dimitri Bascou
3.000 m steeple : Yoann Kowal
Longueur : Kafétien Gomis
Triple saut : Benjamin Compaoré
Perche : Renaud Lavillenie, Kévin Ménaldo
Décathlon : Bastien Auzeil
Marche : Kévin Campion (20 km)
4x100 m : Christophe Lemaitre, Jimmy Vicaut, Guy-Elphège Anouman, Emmanuel Biron, Pierre Vincent, Pierre-Alexis Pessonneaux, Jeffrey John
4x400 m : Teddy Atine-Venel, Mamoudou-Elimane Hanne, Thomas Jordier, Ludvy Vaillant, Mame-Ibra Anne

FEMMES
400 m : Floria Gueï, Marie Gayot
800 m : Rénelle Lamotte
100 m haies : Cindy Billaud
400 m haies : Aurélie Chaboudez
Triple saut : Jeanine Assani Issouf
Perche : Marion Lotout
Disque : Mélina Robert-Michon
Marteau : Alexandra Tavernier
Marche : Emilie Menuet (20 km)
4x100 m : Stella Akakpo, Céline Distel-Bonnet, Sandra Gomis, Lénora Guion Firmin, Maroussia Pare
4x400 m : Marie Gayot, Floria Guei, Estelle Perrossier, Agnès Raharolahy, Déborah Sananes, Brigitte Ntiamoah