Les joueuses soumises à des tests de féminité au Mondial

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Laure Boulleau (au centre) et les joueuses françaises, au Canada pour le Mondial. © FRANCK FIFE / AFP
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Simon Ruben avec V.D.M. , modifié à
HORMONES - La Fifa va organiser des tests de féminité sur les joueuses qui participent à la Coupe du monde au Canada. 

La Fifa est-elle un brin parano ? En tout cas, l’instance internationale de football, plongée en plein scandale après de nombreuses accusations de corruption, a transmis un document officiel assez étonnant aux équipes qui participent à la Coupe du monde de foot féminin au Canada. La Fifa se réserve en effet le droit de pratiquer des tests de féminité pendant toute la durée de la compétition. Le but : vérifier que les filles ne soient pas des hommes !

Des médecins chargés de prendre des mensurations. Comme en 2011 lors du dernier Mondial, la Fifa a décidé d’envoyer des médecins en bord de chaque terrain, chargés "d’étudier toute déviance dans les caractéristiques sexuelles" des joueuses. Imaginez deux secondes la scène : le médecin qui mesure la taille des épaules, des muscles, qui surveille ce qui pourrait faire trop masculin...

Les bonnes performances suspectes. Si la joueuse jugée masculine est trop performante sur le terrain, un médecin prélève alors de la salive pour mesurer son taux de testostérone. "Chercher le taux de testostérone, ça me gêne énormément", tacle Frédérique Jossinet, chargée du foot feminin à la Fédération française. "D’un sportif qui court très vite, on va dire ‘qu’est-ce qu’il est beau, qu’il est fort’. Une sportive qui fait ça, on va dire ‘elle est un peu trop masculine’. Je pense qu’il faut arrêter de penser que, parce qu’on a un taux de testostérone supérieur à la normale, ce ne sont pas des femmes".

Le taux de testostérone ne prouve rien. Scientifiquement, le taux de testostérone ne prouve absolument rien. Pourtant, la Fifa prévoit d'exclure les soi-disant tricheuses à moins qu'elles ne se fassent traiter chimiquement !

Si on a déjà vu des athlètes hermaphrodites, aucun cas d’homme qui voulait se faire passer volontairement pour une femme n’a été recensé dans l’histoire du sport. Pour les spécialistes du foot féminin, la démarche de la Fifa a au moins le mérite de montrer son but au grand jour : garder le contrôle sur le corps des femmes.