Les fléchettes peuvent-elles cibler les Jeux olympiques ?

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Les fléchettes exigent dextérité et sérénité. © DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP
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Les meilleurs joueurs de fléchettes de la planète s'affrontent actuellement lors des championnats du monde. Avant de se disputer l'or olympique ?

C'est l'un des classiques que l'on retrouve au pied du sapin : le jeu de fléchettes. Mais, pendant cette période de Noël, tous les joueurs ne mesurent pas leur dextérité face à la cible avec la même tranquillité. À l'Alexandra Palace de Londres, se tiennent en effet actuellement jusqu'au 2 janvier les championnats du monde de la spécialité, le William Hill World Darts Championship.

Darts ? C'est la traduction anglaise de fléchettes pour désigner ce sport de précision, véritable passion outre-Manche. Sport ? Chiche. "Les fléchettes sont souvent considérées comme un loisir, comme un jeu de bar mais quand elles sont pratiquées à haut niveau, c’est un réel sport", souligne Patrick Fomel, président de la Fédération française de darts, interrogé par Europe1.fr.

Entendu sur europe1 :
Les fléchettes n’ont rien à envier à d’autres sports olympiques comme le tir ou le tir à l’arc

La World Darts Federation (WDF), la Fédération internationale, s'emploie à ce que cette nature sportive soit officialisée et que les fléchettes soient "reconnues" par le Comité international olympique (CIO). Pour un sport, être reconnu, c'est la première étape, pour, un jour, rêver d'être aux JO. Le billard, le bridge, la course d'orientation ou la lutte à la corde font partie de cette liste.

D'autres vont en sortir pour devenir ou redevenir sport olympique en 2020, à Tokyo : le baseball, le karaté, l'escalade, le skateboard et le surf. Pour Patrick Fomel, les fléchettes auraient tout à fait leur place dans un programme olympique.

Le Néerlandais Michael van Gerwen est l'actuel n°1 mondial des fléchettes :

"Si l’effort physique ne semble pas être des plus impressionnant, les fléchettes n’ont rien à envier à d’autres sports olympiques comme le tir ou le tir à l’arc", insiste-t-il.  Le discours est le même du côté de la Professional Darts Corporation, organisation dissidente de la British Darts Organisation, membre de la World Darts Federation (Si vous ne suivez plus, ce n'est pas très grave…)

"Si le tir à l'arc est aux JO, il n'y a pas de raison de dire que les fléchettes ne devraient pas y être, c'est une discipline similaire : vous êtes debout et vous visez une cible", soulignait David Allen, responsable presse de l'instance, il y a quelques années, au Los Angeles Times. Les défenseurs des fléchettes avancent d'autres arguments pour vanter leur sport : les qualités physiques qu'il exige (un joueur peut réaliser jusqu'à 2.000 fois le geste du lancer pendant une semaine de championnats du monde) mais aussi la maîtrise intellectuelle qu'il implique puisque le jeu exige un talent certain en calcul mental. Mais ce ne sont pas là les seules conditions pour espérer avoir un avenir olympique…

Série de critères. Pour avoir espoir d'être un jour aux Jeux, un sport doit répondre à toute une série de critères : valeur ajoutée au programme, intérêt que lui portent la jeunesse, les médias et le public, pratique chez les hommes et les femmes, impact minimal sur les coûts, etc. Mais il y a deux éléments qui jouent surtout : il faut que le sport soit reconnu à l'échelle internationale et qu'il soit largement pratiqué dans le monde. Longtemps chasse gardée des pubs britanniques, les fléchettes sont en train de s'ouvrir sur l'international.

La Fédération internationale, la WDF, compte près de 70 comités nationaux, dont le pays de Galles, le Brésil, l'Égypte, le Népal ou l'Ouganda. Et les championnats du monde qui se tiennent actuellement à Londres sont les premiers à compter des joueurs issus de tous les continents : Europe, Asie, Afrique, Océanie, Amérique du Nord et Amérique du Sud. Et les Britanniques ne sont plus les seuls joueurs qui comptent dans la discipline. Des Australiens, des Belges, des Autrichiens, un Brésilien ou encore un Sud-Africain participent aux Mondiaux actuellement. Mais il n'y a pas de Français. Et cela pourrait être un problème dans l'optique olympique.

"La France compte 1.100 licenciés", précise Patrick Fomel. "Les moyens ne sont pas les mêmes que dans les grands pays de darts, comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas. En France, il est très difficile de trouver du sponsoring et des aides financières. La Fédération s'engage pourtant à envoyer l'équipe de France à participer aux différentes compétitions internationales (Coupe du monde, Coupe d'Europe, Med Cup)."

Les fléchettes à Paris en 2024 ? Difficile à croire. Et si le PDC World Championship trouve une fenêtre d'exposition sur les écrans français, sur Eurosport 2, on est loin de l'excitation qui gagne la  Grande-Bretagne chaque fin d'année, avec une chaîne dédiée (Sky Sports Darts) et des résultats d'audience uniquement battus par le football et la Premier League. La France n'a pas encore le cœur à la cible.

Dans ces conditions, il est difficile d'imaginer que le comité d'organisation de Paris 2024 pousse à la candidature des fléchettes comme sport olympique. "Ce serait magique de voir les fléchettes aux JO de 2024",  sourit Patrick Fromel. "C'est un rêve personnel mais également le rêve de tous les joueurs et joueuses français." Déjà reconnues aujourd'hui comme sport olympique et fortes d'un réseautage conséquent dans l'Hexagone, les boules ont pourtant une belle longueur d'avance pour être la nouveauté des JO en 2024.