Foot : une banderole polémique à Bastia

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avec AFP , modifié à
COLÈRE - Des supporters corses s'en sont pris à une journaliste de Corse-Matin.

"Hélène Romani : en 45, on t'aurait tondue." On pouvait lire cette banderole dans les tribunes du stade Furiani de Bastia lors du match face à Lens, samedi soir, match comptant pour la 5e journée de Ligue 1. Hélène Romani est journaliste au quotidien régional Corse-Matin. Et, à ce titre, elle a couvert le procès de supporters bastiais condamnés par le tribunal correctionnel pour des incidents avec les forces de sécurité, en marge de la réception de l'OM, le 9 août dernier. L'un d'eux a été condamné à six mois de prison ferme et trois ans d'interdiction de stade et quatre autres à des peines de six à huit mois de prison avec sursis. Une autre banderole déployée samedi soir accusait les "journalistes insulaires" d'être des "complices d'Etat", tandis qu'une troisième proclamait : "Incompétence, diffamation : Akkari démission", à l'encontre de la commissaire de police Myriam Akkari, directrice de la Sécurité publique de Bastia.

Le maire de Bastia s'insurge. Le maire nationaliste de Bastia, Gilles Simeoni, a qualifié le déploiement de la banderole de "lamentable". "Les injustices à répétition dont sont victimes le Sporting, ses supporters, ou l'environnement du club ne peuvent pas conduire à justifier l'injustifiable", considère-t-il dans un communiqué.

Par "injustices à répétition", le maire de Bastia fait référence à un arrêté du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve annulé après sa publication au Journal officiel, mercredi dernier, puis expurgé et rectifié. Ce texte accusait initialement "les supporteurs du SC Bastia (de faire) systématiquement preuve d'un comportement violent, quelle que soit l'équipe adverse". "On a tout à fait le droit de critiquer un article de presse, de l'estimer injuste et infondé et d'expliquer pourquoi", mais sans avoir "celui d'écrire ce qui a été vu au stade samedi", a insisté Simeoni.

Les supporters remontés. Pour cette rencontre face à Lens, les supporters bastiais les plus fervents avaient décidé de suivre une grève des encouragements. Dans un communiqué, les membres de "Bastia 1905" regrettent le manque de soutien du club et expriment leur mécontentement envers ceux qu'ils considèrent comme les responsables de cette injustice : "les forces de l'ordre", "les responsables de ces mêmes fonctionnaires", "l'Etat et ses ministres" et "bien entendu les médias qui ont comme à leur habitude aggravé la situation et pratiqué la délation".

C'est ce ressentiment qui s'est exprimé samedi avec fracas et fait aujourd'hui polémique. Corse-Matin, qui n'a pas rendu compte de l'agression envers Hélène Romani dans son édition dominicale, devrait porter plainte. La direction du club bastiais, elle, n'a fait aucun commentaire.