Foot : comment lutter contre le froid

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Europe1.fr met au banc d'essai les différentes solutions pour garantir la tenue des rencontres.

Entre matches reportés et avancés, la période de grand froid que connaît actuellement l'Hexagone perturbe très largement le calendrier du foot français. Trois matches de la 22e journée de Ligue 1 et quatre de celle de Ligue 2 ont été reportés le week-end dernier. Trois huitièmes de finale de la Coupe de France, qui devaient avoir lieu mardi et mercredi, ont également été repoussés : Bourg-Péronnas-Marseille, Dijon-PSG et Quevilly-Orléans. Pour éviter une telle pagaille calendaire, tour d'horizon des solutions possibles, en compagnie de Guy Roux.

Avancer les matches l'après-midi. C'est la décision que la Ligue de football professionnel (LFP) a prise mardi après-midi pour six des dix matches de la 23e journée de Ligue 1, qui se disputera le week-end prochain : Auxerre—Lorient, Lyon-Caen, Montpellier-Ajaccio, Valenciennes-Nancy et Evian–Marseille. Cette décision a été prise par la LFP en accord avec les différents clubs, en fonction des prévisions météo. Ce n'est pas pour autant la garantie que les matches auront bien lieu. Samedi, Saint-Etienne-Lorient avait été avancé à 15h00 mais il a été interrompu après dix minutes de jeu. En prenant la décision d'avancer les matches, cette fois très en amont, le but de la LFP est d'abord d'"optimiser les chances pour que le match se joue", pour des raisons "d'équité (entre les clubs) et de visibilité (de la compétition)".

"La différence de température, entre l'après-midi, 15h00, quand il gèle, et 19h00, n'est que deux degrés. C'est avant tout une bonne mesure pour les spectateurs. Car, pour les trajets, il y a moins de verglas à neuf heures du soir qu'à cinq heures de l'après-midi. Mais ce n'est pas pour autant la solution. Car, par exemple, on ne peut pas prévoir des matches de Coupe de France l'après-midi, à 15h00. Les gens travaillent." Cela n'a pas empêché la FFF d'avancer le coup d'envoi du huitième de finale de la Coupe de France, Lyon-Bordeaux, mercredi, à 16h15, au lieu de l'horaire de 20h45.

Reporter la journée entière. Au lieu de ne faire jouer qu'une partie des rencontres, parfois dans conditions difficiles, ne peut-on pas envisager de reporter exceptionnellement l'intégralité d'une journée ? La solution, séduisante, se heurte à un problème de poids. Les calendriers, national et international, sont déjà bien chargés. Et, sur ce dossier, la LFP, organisatrice des championnats de Ligue 1 et 2, et la Fédération française de football, organisatrice de la Coupe de France, n'ont pas les coudées franches. L'UEFA, organe de régulation du football européen, leur interdit ainsi de décaler les matches aux dates des compétitions européennes, sous peine de sanctions financières assez salées.

"L'UEFA et la Fifa ont capté un nombre très élevé de dates dans les bonnes périodes, hors hivernales. Ces deux instances s'appuient sur la longue trêve hivernale qui a lieu dans les pays de l'Est pour justifier leur décision." A noter également que l'UEFA ne cesse d'augmenter le nombre de dates réservées pour multiplier les diffusions télé. Ainsi, les huitièmes de finale de la Ligue des champions, autrefois disputés sur deux jours, le sont maintenant sur quatre. Un vrai casse-tête pour les ligues nationales.

Utiliser le synthétique. Pour éviter le gel sur les pelouses naturelles, deux clubs, l'AS Nancy-Lorraine et le Lorient FC, ont décidé d'opter pour une pelouse synthétique. Accusées de niveler le jeu vers le bas, ces pelouses sont censées prouver leur raison d'être une fois les températures passées en-dessous de zéro. Mais, comme on l'a constaté le week-end dernier, ce n'est pas toujours le cas.

"On a pu constater à Nancy qu'à partir d'un certain niveau de température, la pelouse devient une patinoire aussi. Nancy prétendait avoir le terrain synthétique le plus moderne du monde et on s'est aperçu lors de Nancy-Rennes que c'était pratiquement injouable. A Auxerre, on a deux terrains synthétiques, un de dix ans d'âge et un de deux ans d'âge, et qui ne glissent pas du tout. Un bon terrain synthétique peut donc être une solution."

Chauffer la pelouse. En Allemagne, où toutes les rencontres ont eu lieu le week-end dernier malgré des températures tout aussi polaires qu'en France, tous les stades de l'élite, sauf un, disposent d'un système de câbles chauffants disposés sous la pelouse. En France, Lyon, Sochaux ou encore Auxerre y ont recours. D'autres "se contentent" de bulles chauffées ou de simples bâches. L'entretien des pelouses reste à la discrétion de chaque club. Mais la LFP s'assure néanmoins qu'une bâche soit installée a minima sur le terrain pour le protéger la pelouse du froid ou, le cas échéant, de la neige. En cas de non-respect de cette directive, des amendes allant de 20 à 50.000 euros peuvent être prononcées contre les clubs de Ligue 1.

"Les résistances, c'est une méthode un peu coûteuse mais efficace. Sochaux l'a adoptée lors de la rénovation de son stade. Mais un mauvais fonctionnement sur une dizaine de mètres a néanmoins contraint au report de la rencontre, dimanche. En Allemagne ou à Eindhoven, aux Pays-Bas, on a également recours au chauffage par infrarouges des tribunes."

Moderniser les stades. C'est le serpent de mer qui nage sous la glace. Avec des stades plus modernes et mieux équipées, la France ne serait sans doute pas contrainte à greloter autant et à... reporter. Le chauffage de la pelouse n'est qu'une possibilité parmi tant d'autres. Le club allemand de Schalke 04 dispose ainsi d'un stade avec un toit rétractable et une pelouse amovible.

"Le chauffage de la pelouse, la protection de l’équipement, ce sont des investissements qui n'ont pas été faits et qui auraient dû l'être. C'est de la responsabilité des clubs, qui ont de très grosses indemnités liées aux droits télévisuels. Ils auraient dû s'équiper et la Ligue aura dû même les y obliger. Mais les clubs préfèrent acheter des joueurs, donner des grosses primes à la signature ou de grosses commissions aux agents. C'est du gaspillage."

En conclusion. Décaler comme reporter ne sont pas la panacée. Et si le synthétique a pu être considéré comme une solution, c'est surtout le chauffage de la pelouse qui semble s'imposer comme le moyen le plus efficace de protéger les joueurs et garantir le spectacle. Pour autant, toutes les (autres) bonnes idées, venues notamment d'Allemagne, sont les bienvenues. Ça tombe bien, l'Euro 2016 aura lieu en France, offrant ainsi une occasion en or de moderniser plusieurs stades de l'Hexagone. Même si, comme le note avec malice Guy Roux, il n'y aura pas de problème de gel au mois de juin...