Fifa : Blazer reconnaît avoir touché des pots-de-vin

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Chuck Blazer a reconnu avoir touché des pots-de-vin. Un premier aveu qui pourrait en déclencher d'autres. © JOHN MACDOUGALL / AFP
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avec Barthélémy Gaillard et AFP , modifié à
L'ESSENTIEL - Après la démission surprise de Sepp Blatter et la mise en cause du secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke, Chuck Blazer, l'homme par qui le scandale est arrivé, a reconnu avoir touché des pots-de-vin pour l'attribution des Coupes du monde 98 et 2010.

Le séisme à la Fifa n'a pas fini d'ébranler le gouvernement du foot mondial. L'étau judiciaire se resserre autour de l'instance, un jour après la démission surprise de Sepp Blatter, président depuis 1998.

  • Interpol a placé mercredi sur sa liste des personnes les plus recherchées deux ex-responsables de la Fifa mis en cause dans le scandale de corruption. Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa mis en cause par les médias, affirme n'avoir "aucun reproche à se faire". 
  • Sepp Blatter est directement visé par une enquête du FBI, selon les médias américains, dans le cadre du scandale de corruption à la Fifa. L'Afrique du Sud, de son côté, s'est défendue des accusations de corruption pesant sur le Mondial 2010. Chuck Blazer a lui reconnu avoir touché des pots-de-vin.
  • La course à la succession du Suisse est d'ores et déjà lancée. Frédéric Thiriez , le président de la LFP, a plaidé la cause de Michel Platini sur Europe 1. 

Deux anciens cadres recherchés par Interpol 

Interpol a placé mercredi sur sa liste des personnes les plus recherchées, à la demande des autorités américaines, deux ex-responsables de la Fifa. Interpol a émis des "notices rouges", qui correspondent à des avis de recherche internationaux ou des demandes d'arrestation à des fins d'extradition, diffusées dans les 190 pays membres de l'organisation de coopération policière internationale.

Elles visent Jack Warner, ex-vice président de la Fifa, Nicolas Leoz, ancien membre du comité exécutif de la Fifa, mais aussi quatre dirigeants d'entreprises évoluant dans le marketing sportif. Après s'être rendu à la justice américaine, Jack Warner a réglé les 400.000 dollars de caution exigés (360.000 euros) . 

Blazer une nouvelle fois au coeur de l'affaire

Le sulfureux Chuck Blazer, ancien membre de la Fifa et de la CONCACAF (la confédération nord américaine et caribéenne), a reconnu mercredi soir avoir bien touché des pots-de-vin dans l'attribution des Coupes du monde 1998 et 2010. En ce qui concerne 1998, on ne sait en revanche pas si ces pots-de-vin touchent la candidature de la France ou du Maroc. 

L'étau se resserre autour de Sepp Blatter 

Un peu plus tôt dans la matinée, les médias américains ont annoncé que Sepp Blatter était directement visé par le FBI. Le Suisse ferait l'objet d'une enquête dans le cadre du scandale de corruption à la Fifa, selon le New York Times et ABC News. Après 17 ans passés à la tête de l'instance, Sepp Blatter a démissionné mardi soir, acculé par la succession de révélations depuis une semaine.

Et ses soutiens le désavouent

Dans la foulée de cette annonce, les principaux sponsors de la Fifa ont salué la décision de Sepp Blatter : "c'est un pas dans la bonne direction", ont commenté Coca-Cola, Visa, Mc Donald's et Adidas. Le Suisse était pourtant un proche a marque aux trois bandes et de son ex-PDG Horst Dassler, mort en 1986 : " C'est Dassler qui avait fait nommer Blatter secrétaire général de la Fifa en 1981, Horst avait confiance en lui", expliquait notamment l'entrepreneur André Guelfi à Libération.

Comme le dénonce Le Monde, les déclarations des principaux sponsors de la Fifa s'apparentent donc à un "bal des hypocrites", puisqu'ils avaient déjà critiqué Blatter avant sa réélection en 2011. Ce qui ne les avaient pas empêchés de reconduire leurs contrats suite à sa victoire.

L'Afrique du Sud et le Qatar dans la tourmente 

Parmi les affaires qui éclaboussent la Fifa depuis une semaine : le versement par l'Afrique du Sud de 10 millions de dollars au football caribéen. La justice américaine soupçonne cette somme d'avoir servi de pot-de-vin en échange de votes favorables pour l'attribution de l'organisation du Mondial 2010.

Mais le gouvernement sud-africain a défendu mercredi la légalité de ce versement, appelant "ceux qui font de telles allégations" à "apporter des preuves". Jérôme Valcke, numéro deux de la Fifa soupçonné par les médias américains d'avoir remis les 10 millions à Jack Warner, a assuré "ne rien avoir à se reprocher" mercredi sur France Info. Le bras droit de Sepp Blatter a d'ailleurs ajouté : "Je n'ai aucune raison de dire que je ne vais pas rester."

Face aux accusations répétées de l'actuel président de la fédération anglaise de football Greg Dyke (l'Angleterre était candidate à l'organisation de la Coupe du Monde 2022), la fédération qatarie (QFA) se défend de toute irrégularité. La QFA a rappelé qu'elle avait coopéré avec Michael Garcia, ancien procureur de New York qui avait rédigé un rapport sur l'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar et promet de collaborer avec les autorités suisses qui ont lancé leur propre enquête. 

La course à la succession lancée 

La démission du Suisse, quelques jours après sa réélection pour un cinquième mandat, rebat totalement les cartes au sein de la Fifa. Frédéric Thiriez, le président de la LFP, a plaidé pour une candidature de Michel Platini, mercredi matin sur Europe 1. Alain Giresse, l'ancien milieu de l'équipe de France, et Noël Le Graët, président de la FFF, lui ont emboîté le pas sur notre antenne.

Concrètement, Michel Platini pourrait compter sur le soutien des confédérations européenne, nord et sud américaine, analyse Avraham Luzon, membre du comité exécutif de l'UEFA : "il ne lui resterait donc plus qu'à trouver une vingtaine de voix au sein des pays africains de la Fifa pour l'emporter", poursuit l'Israélien. Si politiquement, la candidature de Platini semble crédible, elle n'est pas du goût de l'ONG Transparency International.

"Platini est un président faible de l'UEFA et j'ai du mal à m'imaginer qu'il serait un président fort de la Fifa", a déclaré Sylvia Schenk,a responsable du dossier sport dans l'association. Avant d'ajouter que la Fifa avait besoin "d'une forte personnalité à sa tête", faisant allusion ici à un autre Français, Jérôme Champagne, qui a la préférence de l'ONG."C'est un homme avisé qui serait certainement un bon candidat. Il a de bonnes idées et, par dessus tout, a aussi des concepts pour les nouvelles structures", estime la responsable allemande. Mais d'autres candidats comme l'ancien joueur brésilien Zico ou le prince Ali, challenger malheureux de Blatter vendredi, pourraient se lancer dans la course.