Dopage : quatre à cinq fois plus de tests positifs dans les sports de combat

Les amateurs qui ne font pas de compétition sont aussi attirés par les produits stimulants (image d'illustration)
Les amateurs qui ne font pas de compétition sont aussi attirés par les produits stimulants (image d'illustration) © Julien PEARCE/Europe 1
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Emilie Bonnaud édité par M.R. , modifié à
De plus en plus de pratiquants amateurs de sports de combat prennent des stéroïdes, de la cocaïne ou encore des amphétamines pour augmenter leur masse musculaire et leur endurance sur les rings.
L'ENQUÊTE DU 8H

Pratiquer un sport de combat, c'est la tendance du moment. Mais l'envers du décor est plutôt inquiétant car les cas de dopage se multiplient et les amateurs n'échappent pas au phénomène.

Deux sports en pleine ascension. Le kick boxing et la boxe thaï présentent ainsi des chiffres catastrophiques, selon le bilan 2016 de l'Agence de Lutte contre le Dopage, avec quatre à cinq fois plus de cas positifs que la moyenne. Ces deux sports sont particulièrement violents car tous les coups sont permis. Jusqu'à présent, ils étaient plutôt confidentiels, pratiqués surtout dans des salles de banlieue. Mais ils sont devenus à la mode et cela inquiète d'autant plus l'ALD.

En deux ans, les fédérations ont augmenté leur nombre de licenciés de 34%, pour atteindre cette saison les 50.000 pratiquants officiels, soit autant qu'en boxe anglaise. Parmi ces combattants, un tiers sont des femmes. Certains collèges les proposent même à leurs élèves. 

Stéroïdes, cocaïne ou amphétamines. Les pratiquants prennent des stéroïdes anabolisants pour développer leur masse musculaire, mais aussi des stimulants comme la cocaïne ou des amphétamines. Car sur le ring, il faut être capable d'encaisser et pour cela certains n'hésitent pas à franchir la ligne rouge. Un problème que rencontre Antony Perrin, patron de club dans la banlieue de Marseille.

"Moi je sais que dans mon club, à partir d'une petite adolescence, vers 16 ans, ils veulent déjà toucher à ça. Pas forcément des drogues dures, mais tous les produits dopants, un peu stimulants, pour être en forme, pour avoir des muscles...", explique le boxeur. "Et puis, ce n'est pas forcément le compétiteur qui va aller toucher ça. Ça peut être simplement des amateurs qui veulent avoir une belle apparence physique. Ça reste du dopage. Ils n'ont pas de compétition donc il n'y a pas de répréhension mais c'est dangereux pour eux. Il faut savoir le leur expliquer."

Une prévention qui n'atteint pas toujours son but. Malgré ces explications, la tentation semble trop forte pour certains notamment car ces produits ne sont pas si difficiles à trouver. Il existe de nombreux forums sur Internet sur lesquels on peut facilement acheter des stéroïdes par exemple.

Or ces forums ne sont pas directement liés aux sports de combat. Ils sont plutôt dédiés à la musculation et au culturisme, des milieux dans lesquels il n'y a quasiment jamais de contrôles car il n'y a pas de compétitions. C'est là que réside la difficulté pour les fédérations de kick boxing et de boxe thaï à "faire le ménage" comme le réclame de toute urgence l'Agence de Lutte contre le Dopage.