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Ugo Pascolo , modifié à
Pour le lancement du Sidaction 2018, le professeur Pierre-Marie Girard, spécialiste du Sida évoque l'augmentation des comportements à risque vis-à-vis du VIH chez les jeunes, mais aussi chez les quadragénaires. 
INTERVIEW

"La pilule du lendemain", "un patch". Voilà les réponses qu'apportent 19% des 15/24 ans lorsque qu'on leur demande comment empêcher la transmission du sida. "Malheureusement, cela ne me surprend pas", indique le professeur Pierre-Marie Girard, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), spécialiste du Sida. "Pour eux, c'est une maladie d'une autre génération, ce n'est pas en tête des préoccupations", révèle-t-il au micro d'Europe 1 Bonjour vendredi, à l'occasion du lancement de la campagne du Sidaction 2018 - dont Europe 1 est partenaire.

25.000 personnes en France vivent avec le VIH sans le savoir. "Il faut que tout le monde se mobilise. Il faut une communication générale importante", indique Pierre-Marie Girard. "Mais il faut aussi cibler les populations les plus concernées : les jeunes, les femmes, les homosexuels et les migrants". "Tout le monde doit avoir conscience du sida et après, il faut de manière très attentive, sans stigmatiser, allez parler aux personnes les plus concernées, car tout le monde n'est pas égal par rapport au VIH", révèle le spécialiste. "Il y a entre 150.000 et 160.000 personnes infectées par le VIH en France, dont 25.000 qui ne le savent pas. Ce sont eux le vecteur de transmission, il faut inciter les personnes qui ont un comportement à risque à se faire dépister", martèle le professeur. 

Les quadras, l'autre génération qui prend des risques. Mais les 15/24 ans ne sont pas la seule population concernée par des comportements à risque. "Il y a une autre génération, les quadras. On voit un relâchement de la prévention chez cette catégorie : ils considèrent que c'est derrière nous", analyse le chef de service. "Ils ne prennent plus de précautions, plus de préservatif, plus de dépistage non plus". "On doit encourager les personnes qui ont pris des risques à faire un dépistage, et leur dire que les traitements fonctionnent bien", résume-t-il.

Des traitements "difficiles". Ce relâchement dans la prévention est-il un effet pervers de l'amélioration de la trithérapie ? "Oui, maintenant on peut vivre avec le VIH", déclare Pierre-Marie Girard. "Mais si les traitements sont efficaces, ils se prennent à vie, et dans la pratique ils sont difficiles : c'est une vraie contrainte". "On essaye de créer un nouveau traitement plus simple pour avoir une meilleure adhésion des patients, mais il faut avant tout se mobiliser pour l'invention d'un vaccin", rappelle le spécialiste. "Pour l'instant, nous n'avons pas réussi à le créer, mais il faut qu'on y parvienne ! Et pour cela, il faut de l'argent, car il n'y en a pas assez". 

Un week-end consacré aux dons

L'édition 2018 du Sidaction se déroule jusqu'au dimanche 25 mars sous l'autorité d'une nouvelle présidente, Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine en 2008 avec le professeur Luc Montagnier pour la découverte, 25 ans auparavant, du virus du sida. Elle a été nommée en novembre pour succéder à l'homme d'affaires et mécène Pierre Bergé, décédé le 8 septembre.

Co-fondée en 1994 par Pierre Bergé et Line Renaud, l'association Sidaction finance des programmes de recherche et de prévention. Les dons pourront être faits par téléphone (110), en ligne ici, par SMS en envoyant le mot DON au 92 110 (petits dons) ou par courrier à Sidaction, 228 rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris. L'an dernier, le Sidaction s'était achevé sur un total de 4,07 millions d'euros de promesses de dons.

Chaque année en France, environ 6.000 personnes découvrent leur séropositivité au VIH, dont plus d'un quart (27%) à un stade avancé de l'infection, selon les chiffres officiels.