Une affaire d'inceste sur deux jeunes enfants jugée en comparution immédiate

© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Salomé Legrand, édité par Anaïs Huet
Les parents et la grand-mère des deux jeunes garçons ont reconnu avoir pratiqué sur eux des fellations. L'affaire est jugée en comparution immédiate, malgré les protestations des associations.

Peut-on juger une affaire d'inceste en comparution immédiate ? La question va se poser jeudi au tribunal de Versailles où comparaissent un couple et une grand-mère pour des agressions sexuelles sur deux garçons de 6 et 8 ans. Les associations de protection de l'enfance dénoncent une procédure beaucoup trop rapide et demandent l'ouverture d'une instruction.

Des fellations pratiquées par les parents et la grand-mère. En 2016 déjà, le manque d'hygiène des deux petits garçons avait inquiété leur école, qui avait fait un signalement pour négligences. Après un an de suivi éducatif sans amélioration, les deux enfants sont placés en famille d'accueil, où ils se confient pour la première fois. Ils racontent alors des fellations pratiquées par leurs parents, ainsi que par leur grand-mère. En mars dernier, une enquête préliminaire est ouverte et les adultes reconnaissent les faits. Quatre mois plus tard, ils sont renvoyés en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel.

Prendre davantage le temps d'écouter les enfants. Pour les associations de défense de l'enfance, ce délai est beaucoup trop court pour un dossier si sérieux. "C'est important de prendre le temps de faire les différentes investigations de façon beaucoup plus poussée. Avec un enfant, il faut prendre le temps de recueillir sa parole", assure Laura Morin, présidente de l’association l'Enfant Bleu, au micro d'Europe 1. "Il nous manque également le dossier d'assistance éducative. Apparemment, l'assistante maternelle se posait la question d'un climat incestueux. Donc pourquoi n'ont-ils pas agi ?", souligne-t-elle. 

Des visions qui s'opposent. De son côté, le parquet estime que "tous les actes utiles et obligatoires ont été réalisés". D'autres sources proches du dossier ajoutent qu’un délai de jugement plus court peut être favorable à la reconstruction des enfants. Mais les associations réfutent cette thèse et affirment que certaines déclarations des enfants laissent penser que des viols ont peut-être été commis.

Jeudi après-midi, le tribunal peut décider de juger l'affaire en l’état ou de demander l'ouverture d’une information judiciaire.