Un professeur poursuivi après avoir ironisé sur les "blancos" de Valls

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avec AFP , modifié à
Un maître de conférence d'Avignon est poursuivi pour avoir ironisé dans des mails internes sur des déclarations controversées de Manuel Valls.

Un maître de conférence de l'université d'Avignon (UAPV) est convoqué devant le tribunal correctionnel le 27 janvier pour avoir, dans des mails internes à son établissement, ironisé et repris des déclarations de Manuel Valls sur les "blancos", a-t-on appris de sources concordantes mardi.

Accusé de provocation à la haine. Bernard Mezzadri, 55 ans, comparaîtra pour provocation à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race, selon la citation à comparaître. Il lui est reproché, dans un échange de messages, d'avoir notamment déclaré, évoquant une rencontre à venir entre la direction de son établissement et le Premier ministre Manuel Valls : "J'espère qu'en cette grande occasion la délégation de l'UAPV comptera suffisamment de "blancos" (et pas trop de basanés)". Il qualifiait également dans son message Manuel Valls de "chasseur de Roms".

Dénonciation de propos xénophobes. Ces propos faisaient notamment écho à des images de Manuel Valls datant de 2009, dans lesquelles celui qui était alors député-maire d'Evry (Essonne) demandait à ses équipes de rajouter des "whites" et des "blancos" dans le décor. Ce "message ironique" avait été signalé par l'ancienne équipe de direction de l'université d'Avignon et des Pays de Vaucluse au recteur et au procureur, qui avait décidé de poursuivre Bernard Mezzadri, rappelle le Snesup-FSU de l'établissement dans un communiqué. "Il est manifeste que notre collègue entendait dénoncer des propos et une politique qu'il estimait xénophobes et que, par conséquent, il ne saurait être lui-même suspecté de xénophobie", poursuit le syndicat.

3.300 signatures de soutien. Une pétition de soutien à l'enseignant-chercheur avait recueilli mardi en fin de journée plus de 3.300 signatures, dont celles du philosophe Etienne Balibar, de l'essayiste Susan George, de la comédienne Marianne Dénicourt et de nombreux professeurs d'université. Tous demandent la relaxe de Bernard Mezzadri et "condamnent les propos de Manuel Valls auxquels Bernard Mezzadri faisait ironiquement référence". Contactée, l'université n'avait pas réagi mardi en fin d'après-midi.