Un membre de Noir Désir révèle l'omerta autour du comportement violent de Cantat

Selon un membre du groupe Noir Désir, Kristina Rady a menti au moment du procès de Bertrand Cantat.
Selon un membre du groupe Noir Désir, Kristina Rady a menti au moment du procès de Bertrand Cantat. © GUILLAUME SOUVANT / AFP
  • Copié
, modifié à
Un membre de l'ex-groupe de Bertrand Cantat, Noir Désir, reconnaît dans "Le Point", avoir été au courant du comportement violent du chanteur avec ses compagnes avant la mort de Marie Trintignant.

Y a-t-il eu une omerta autour du comportement violent de Bertrand Cantat ? C'est ce que révèle jeudi le magazine Le Point dans une enquête fouillée sur le chanteur, condamné en 2004 à huit ans de prison pour le meurtre de la comédienne Marie Trintignant, et qui vient de sortir un nouvel album.

Sa femme Kristina nie avoir reçu des coups. Après la mort de Marie Trintignant, un procès s'est ouvert à Vilnius, en Lituanie, là où la comédienne était morte, sous les coups de Bertrand Cantat. Les anciennes petites amies du chanteur et sa femme Kristina Rady, dont Cantat s'était séparé en 2002, sont alors interrogées. Mais à l'époque, Kristina Rady nie avoir subi des coups. Elle est un soutien indéfectible à Cantat et se remet même en couple avec lui à sa sortie de prison en 2007, le chanteur ayant bénéficié d'une remise de peine pour conduite exemplaire.

"Nous étions tous sous son emprise". Mais selon un membre du groupe Noir Désir, Kristina Rady a menti au moment du procès de Bertrand Cantat. Pire, elle lui aurait demandé ainsi qu'aux autres membres du groupe de cacher ce qu'ils savaient. "Elle ne voulait pas que ses enfants sachent que leur père était un homme violent. Je savais qu’il avait frappé la femme avec qui il était avant Kristina. Je savais qu’il avait tenté d’étrangler sa petite amie, en 1989. Je savais qu’il avait frappé Kristina. Mais ce jour-là, nous avons tous décidé de mentir. Nous étions tous sous son emprise. Et nous pensons qu’il se soignerait", explique-t-il dans les colonnes du Point assurant avoir essayé de parler au chanteur et l'avoir supplié d'aller voir un psy. Ce dernier lui aurait alors répondu : "Je n'ai pas un problème avec les femmes, ce sont les femmes qui ont un problème avec moi".

Le musicien ajoute que les membres du groupe Noir Désir n'étaient pas les seuls à savoir que Bertrand Cantat était violent. "Beaucoup de gens dans le milieu bordelais savaient que Kristina avait été battue avant l’affaire Vilnius, mais ils se sont tus". Des propos confirmés par un journaliste bordelais.

"C'est un pervers narcissique". Le magazine précise par ailleurs que Kristina Rady a également été agressée par le chanteur après sa sortie de prison. Ne supportant pas qu'elle le quitte pour un autre homme, il l'aurait harcelée, puis menacée. Une voisine raconte également avoir caché les enfants de Kristina Rady : "Clairement, elle les laissait chez nous pour les protéger. Je n'ai aucun doute là-dessus. Elle avait peur que son mari ne vienne la chercher violemment. Kristina semblait être à la fois sous emprise, amoureuse, tiraillée, perdue", témoigne-t-elle.

Le Point retranscrit aussi le contenu du message vocal laissé par Kristina Rady sur le répondeur de ses parents, en 2009. Elle décrit des violences physiques et psychologiques et raconte qu'à plusieurs reprises "elle a échappé au pire"."J'espère qu'on va pouvoir s'en sortir et que vous pourrez encore entendre ma voix, et sinon, alors vous aurez au moins une preuve que…" ajoute-t-elle. Le 10 janvier 2010, Kristina se suicide. "C'est un vrai pervers narcissique. Il est très charismatique", ajoute le membre de Noir Désir au Point. "Quand il entre dans une pièce, il absorbe toute l'énergie. Après, il vous tient." 

Contacté par l'hebdomadaire, l'avocat de Bertrand Cantat, affirme ne pas avoir réussi à joindre le chanteur et doute de la véracité de ces témoignages : "Un tribunal a jugé, un juge d'application des peines s'est prononcé, et ces personnes ont eu toute la marge pour s'exprimer si leurs propos étaient vrais", rappelle Maître Antonin Lévy.