Un Français sur cinq a déjà sérieusement songé au suicide

Panneaux sur le suicide (1280x640) Jean-Pierre CLATOT/AFP
5% des Français ont déjà fait une tentative de suicide. © Jean-Pierre CLATOT/AFP
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Eve Roger et Thibauld Mathieu , modifié à
Selon une étude de la Fondation Jean-Jaurès, ces chiffres alarmants ne cessent d'augmenter depuis la crise économique de 2008.
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A la veille de la Journée nationale de prévention contre le suicide, les chiffres sont alarmants. Le suicide est encore à l'origine de près de 27 décès par jour en France, selon un rapport remis à la ministre de la Santé, alors qu'une étude de la Fondation Jean-Jaurès, réalisée par l'Ifop en janvier 2016, révèle une tendance inquiétante : 20% des Français auraient déjà songé sérieusement à se donner la mort et 19% de manière plus vague.

Les chômeurs sont les plus touchés.Quand on interroge les chômeurs, il ne s'agit plus d'une personne sur cinq mais d'une sur trois (30%) qui affirme avoir sérieusement pensé à se suicider. Ce chiffre est en constante augmentation depuis la crise économique de 2008. Chômeurs, mais aussi artisans, commerçants ou agriculteurs, sont particulièrement touchés. Côté salariés, l'épuisement et le stress, mais aussi le harcèlement moral ou sexuel, nourrissent les idées suicidaires. Ils sont 20% dans le secteur privé et 19% dans le secteur public à avoir voulu en finir.

Des antécédents dans la famille augmentent le risque. Ce que montre l'étude, et qui est moins connu, c'est que le risque de passer à l'acte augmente lorsque qu'on a connu un suicide ou une tentative dans son entourage. Plus la personne est proche - un parent, un frère ou une sœur -, plus le risque est grand, comme si un verrou sautait. Dans ces cas, le tabou du suicide n'existe plus puisqu'il est déjà "entré" dans la famille. C'est alors la culpabilité de ne pas avoir su détecter la détresse de son proche qui alimente la pensée suicidaire. Cela peut aussi arriver plus tard, lorsqu'on est confronté soi-même à des difficultés, telles qu'un deuil, un divorce ou une période de chômage.

La précarité, premier facteur de suicide. L'étude dresse également un terrible constat : plus le milieu est modeste, plus la tentation au suicide est forte. Une personne en situation de pauvreté aura ainsi plus tendance (31%) à envisager le suicide qu'une personne ayant des hauts revenus (12%). Enfin, 5% des Français ont déjà fait une tentative de suicide qui a nécessité une hospitalisation.

Etude réalisée du 19 au 22 janvier 2016 auprès d’un échantillon de 2007 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.