Trois questions sur la vente des calendriers en fin d'année

Il est toléré que les facteurs vendent des calendriers dont les bénéfices leur reviennent totalement
Il est toléré que les facteurs vendent des calendriers dont les bénéfices leur reviennent totalement © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Marthe Ronteix
La saison de la vente de calendriers en porte-à-porte commence tout juste pour 2017. Mais qui a le droit de vendre, à quels prix et pour quels bénéfices ?

La fin de l'année approche et, tradition oblige, facteurs, pompiers et éboueurs ont commencé à faire du porte-à-porte pour vendre leurs traditionnels calendriers. Mais quels sont leurs droits et comment éviter les tromperies ?

D'où vient cette tradition ?

À l'instar de l'enveloppe glissée vaux concierges d'immeubles, aux assistantes maternelles ou encore aux femmes de ménage, la vente de calendriers fait partie des traditionnelles étrennes de fin d'année. C'est une façon de remercier les gens qui nous rendent service au quotidien. Une pratique qui remonterait à l'époque romaine.

Plusieurs histoires existent pour les origines de cette tradition. Selon la plus ancienne, un roi sabin contemporain de Romulus avait pour habitude d'offrir aux personnages importants de Rome des rameaux de verveine cueillis dans un bois consacré à la déesse de la santé Strena. Un geste qui se serait ensuite transformé en sucreries offertes entre les membres d'une famille ou entre amis, avant de se transformer en dons financiers comme nous le faisons aujourd'hui, raconte Le Point.

Qui a le droit de vendre ces calendriers ?

De nos jours, ce sont les facteurs, les éboueurs et les pompiers qui reçoivent ces étrennes. Mais tous n'ont pas les mêmes droits. Officiellement, seuls les pompiers en tenue et munis de leur carte professionnelle ont le droit de faire du porte-à-porte pour vendre des calendriers, explique Roland Perez sur Europe 1, et ce depuis 1946.

Pour les facteurs, il existe une tolérance. Ils peuvent vendre des calendriers, qu'ils commandent eux-mêmes à des imprimeurs, et seulement en dehors de leurs heures de travail. Mais selon un avis du ministre de l'Intérieur (Journal officiel de l'Assemblée nationale du 6 mars 1995), "la vente de calendriers aux administrés par certains organismes publics [comme La Poste, les services de secours et d’incendie, le service de ramassage des ordures ménagères] est une coutume fondée sur un appel à la générosité publique".

Quant aux éboueurs, la plupart des mairies leur interdisent de telles ventes. C'est le cas par exemple de la ville de Paris qui a interdit par avis préfectoral à tout agent territorial (dont les éboueurs) la vente de calendriers. S'ils contreviennent à cette interdiction, il est considéré qu'ils font une quête à domicile ou sur la voie publique.

Par ailleurs ni la police, ni les agents des eaux, du gaz ou de l'électricité ne vendent de calendriers.

À qui reviennent les fonds récoltés ?

Si les pompiers sont les seuls autorisés à vendre des calendriers, c'est parce que les fonds récoltés sont reversés à des associations. Par exemple, à Paris, les sommes reviennent à l'Association pour le Développement des Oeuvres sociales des Sapeurs-Pompiers de Paris (ADOSSPP) qui soutient les orphelins de pompiers morts au feu. Dans les autres villes, ces dons sont versés aux Unions et Amicales des pompiers (il en existe 8.000 dans l'Hexagone, selon la Fédération nationale des Sapeurs-Pompiers).

Si vous achetez leur calendrier, les soldats du feu doivent d'ailleurs vous remettre une attestation estampillée BSPP (Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris) qui vous permettra une déduction fiscale de 66% de votre don.

Il n'en est pas de même pour les facteurs. L'argent qu'ils récoltent leur revient en propre, il ne s'agit pas d'un don. Certains assurent même en tirer un bénéfice équivalent à un treizième mois, comme le racontaient plusieurs d'entre eux au journal local Nord Eclair en 2013. "Sur un calendrier à 0,50 euros pièce, je récupérais entre trois et cinq fois la mise ", expliquait un ancien postier. Une manière pour les particuliers et les entreprises de le remercier pour les petits services qu'il leur rendait. Des sommes qui ont néanmoins baissé ces dernières années à cause de l'absence de tournée régulière pour les facteurs et de la crise financière.

Les éboueurs, quand ils y sont autorisés, se partagent l'argent récolté au sein de leur équipe en général constituée de trois personnes.

 

Comment débusquer les tromperies ?

Certaines personnes mal intentionnées profitent de cette saison des calendriers pour se faire passer pour de faux facteurs ou de faux pompiers. Il existe quelques règles pour éviter de se faire arnaquer. Tout d'abord il faut demander à voir la carte professionnelle du démarcheur, l'uniforme seul n'est pas suffisant, il peut être contrefait. S'il s'agit d'un éboueur, il peut présenter une autorisation expresse de la mairie.

Par ailleurs, la police nationale conseille de ne pas laisser entrer le pompier ou le facteur présumé chez vous et d'appeler l'institution dont l'individu se réclame en cas de doute. Car les arnaqueurs peuvent profiter de votre inattention pour dérober des objets ou faire du repérage pour un futur cambriolage.

Enfin même s'ils ont le droit de faire du porte-à-porte, les pompiers ou les facteurs ne peuvent vous imposer un prix minimum pour leur calendrier. Les dons sont en général de 5 à 10 euros, mais vous avez tout à fait le droit de ne donner qu'un ou deux euros ou bien plus.