Marie Peltier, auteure de "L’ère du complotisme, la maladie d’une société fracturée", était l'invité du Club de la presse, lundi.
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T.M. , modifié à
Christophe Bourseiller, auteur de "C’est un complot !" et Marie Peltier, qui signe "L’ère du complotisme, la maladie d’une société fracturée", étaient les invités du Club de la presse lundi.
INTERVIEW

Négation des attentats du 11-Septembre ou des voyages sur la Lune : les théories du complot fleurissent ces dernières années, notamment en raison de la large diffusion que leur offre Internet.

"C'est devenu un réflexe partagé". "Je me suis rendu compte que le complotisme était devenu majoritaire dans le débat public, que la méfiance systématique vis-à-vis des médias et des politiques était devenu tout à fait massive", raconte Marie Peltier, auteure de L’ère du complotisme, la maladie d’une société fracturée. "C’est devenu un réflexe assez partagé", constate-t-elle. "C’est à partir de ce moment-là que je me suis interrogée, que je me suis demandée comment ça se fait qu’à l’heure actuelle, quand on entre dans un lycée et qu’on parle de l’actualité, la plupart des jeunes disent ‘on ne croit plus ce que les médias nous disent’. Il y a là un vrai phénomène de société."

"Le 11-Septembre a auguré l'ère du désaveu". Le développement des théories du complot, dont Philippe Bourseiller date l'apparition du 18e siècle, "est lié à deux phénomènes : l’apparition de la démocratie et l’essor des mass media", note l'auteur de C'est un complot !. Mais pour Marie Peltier, la vraie fracture date de 2001. "Il y a eu, à partir du 11 septembre 2001, un nouvel imaginaire, une nouvelle scénarisation du débat public. Cela a auguré l’ère du désaveu."

Entendu sur europe1 :
On doit aussi entendre au niveau médiatique et politique l’interpellation qui est derrière.

"Il ne faut pas les dénigrer". "Les conspirationnistes sont des gens qui sont des déçus de la démocratie, et qui se disent 'c’est trop transparent, c’est louche'", analyse Christophe Bourseiller. Pas question pour autant de résumer les complotistes à une bande de farfelus. "Il faut prendre ces gens au sérieux, il ne faut pas les dénigrer", recommande Marie Peltier. "Les deux obsessions des conspirationnistes sont le désir de transparence et de justice, et donc paradoxalement, il y a une demande éthique derrière l’adhésion à ce type de croyances. Alors évidemment, il faut travailler sur les deux plans à la fois. Il faut dénoncer les théories du complot et surtout l’idéologie qu’elles peuvent véhiculer et en même temps, on doit aussi entendre au niveau médiatique et politique l’interpellation qui est derrière. Ce discours pointe des failles et des dysfonctionnements qui sont réels."