Suicide sur Périscope : Océane "présentait un profil psychologique fragile"

La jeune femme s'est jetée sous le RER C
La jeune femme s'est jetée sous le RER C © MARTIN BUREAU / AFP
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M.L.
 Les premiers éléments de l'enquête sur le suicide d'une jeune fille dans l'Essonne font état de sa relation chaotique avec son compagnon et de ses intentions "suicidaires".

Les images ont choqué et provoqué une polémique sur les dérives de Périscope. Mardi soir, Océane, 19 ans, s'est jetée sous un train en gare RER d'Egly, dans l'Essonne, alors qu'elle était en "live" sur la plateforme sociale, qui permet de publier des vidéos et de recevoir des commentaires en temps réel. Juste avant, elle aurait affirmé avoir été victime d'un viol de la part de son ex-petit ami. Les premiers éléments de l'enquête, confiée à la brigade de recherches de la compagnie de gendarmerie de Palaiseau, révèlent le "profil psychologique fragile" de la jeune femme.

Des "intentions suicidaires". Océane "entretenait depuis 2013 une relation affective avec un jeune homme dans un contexte parfois empreint de scènes violentes et de ruptures", indique le parquet d'Evry dans un communiqué, vendredi. Le petit ami de la jeune femme aurait mis fin à cette relation à la fin de l'année 2015, tout en continuant à la rencontrer occasionnellement.

"Elle a, à plusieurs reprises, y compris la veille de sa mort, fait part d'intentions suicidaires à son ancien compagnon", précise le parquet, qui a auditionné les parents et proches de la jeune femme. "Leur relation était très compliquée, toxique. Ils s'étaient fait tatouer chacun le nom de l'autre", a raconté un ami d'Océane au Parisien.

Aucune plainte déposée pour viol. Avant de se suicider, Océane a envoyé un SMS à un proche, évoquant un viol et des violences de la part de son ancien petit ami. Des faits auxquels elle aurait également fait référence devant ses "followers", sur Périscope.

"Les témoignages recueillis dans l'entourage du couple ont permis d'établir que la jeune femme avait, à plusieurs reprises, évoqué un fait de viol commis par son compagnon", confirme le Procureur d'Evry, Eric Lallement. Le parquet précise cependant qu'Océane n'a jamais apporté d'élément précis sur ce sujet, et a situé le viol à des dates différentes selon l'interlocuteur auquel elle se confiait. Invitée à déposer plainte par ses proches, elle a refusé de le faire à chaque fois.

Une vidéo intime dévoilée ? L'ancien compagnon de la jeune femme affirme qu'il "n'y a jamais eu de relations sexuelles non consenties" dans leur relation, rapporte le parquet. Il a été laissé libre à l'issue de son audition. L'ami d'Océane interrogé par Le Parisien fait, lui, état d'une "vidéo intime" qui avait été "dévoilée". "Elle se sentait très mal à l'aise à cause de ça", assure-t-il au quotidien. Aucune référence à cette vidéo n'est présente dans le communiqué du parquet. 

Rien n'indiquait un "danger imminent". Concernant les cinq "live" vidéo diffusés par la jeune femme dans les heures précédant sa mort, les enquêteurs ont "intégralement exploité" les quatre premières. Malgré des déclarations équivoques de la jeune fille - "tant que ça ne choque pas, ça ne marque pas les esprits" -, le parquet estime qu'"à aucun moment, elle ne fait état, de manière claire, d'un danger imminent pour sa vie ou son intégrité, ce qui n'a permis aucune intervention préalable des services de secours ou de tiers."

La cinquième vidéo, enregistrée dans les instants précédents son passage à l'acte et censurée par les gestionnaires de l'application Périscope, n'est  pas encore à la disposition des enquêteurs. "Le serveur à partir duquel la retranscription pourra être faite est situé aux Etats-Unis et les gestionnaires de l'application en France ne peuvent accéder directement à son contenu", précise le procureur. Une situation qui devrait se débloquer "dans les prochains jours".