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Salomé Legrand avec G.D , modifié à
Le procès de l'un des plus importants réseaux de blanchiment d'argent jamais démantelés en France s'ouvre mardi à Paris. Les 27 prévenus sont suspectés d'appartenir à une organisation très bien rodée.

Du Maroc à Dubaï, en passant par Madras et Tremblay-en-France, ils transformaient l'argent du cannabis vendu en France en or. Le réseau de blanchiment d'argent était redoutablement efficace et parfaitement rodé. C'est d'ailleurs l'un des plus importants jamais démantelés en France. Le procès de l'affaire "Rétrovirus" s'ouvre mardi après-midi à Paris. Au total, 27 prévenus, 100.000 appels et SMS interceptés et pas moins de 2,3 millions d'euros saisis en espèce et bijoux.

Nuisances à cause de la machine à compter les billets. En bas de la pyramide, des collecteurs (taxis, fleuristes, épiciers ou ambulanciers), sans casier judiciaire, qui sillonnent la France en voiture ou en train pour récolter l'argent auprès des dealers. Les petites coupures étaient ensuite centralisées par les équipes d'un homme, un Indien de 35 ans. Ce père de famille de quatre enfants, au chômage, qui vit dans un logement social en Seine-Saint-Denis, est en apparence sans histoire. Mais il brasse tellement d'argent sale qu'un voisin se plaint de nuisances sonores. Il s'agit tout simplement du bruit de la machine à compter les billets, qui tourne en permanence.

De la poudre d'or cachée dans du café. L'argent est ensuite convoyé en Belgique et à Dubaï, où il est converti en or puis acheminé en Inde. Le plus souvent, ce sont des passagers rémunérés au voyage qui le portent sur eux, sous forme de bijoux. Mais les trafiquants ont également pensé à envoyer de la poudre d'or, cachée dans des sachets de café moulu. La lessive complète dure à peine une semaine, au bénéfice de narcotrafiquants marocains. Le père de famille indien, payé à la commission, a reconnu avoir blanchi plusieurs dizaines de millions d'euros, en quelques années.