Rescapée du Bataclan, elle regrette "le racisme très décomplexé en France"

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Jean-Sébastien Soldaïni et T.M. , modifié à
Marielle Timme, rescapée de l'attaque du Bataclan le 13 novembre dernier, dénonce la xénophobie ambiante au micro d'Europe 1, notamment après les débordements racistes en Corse depuis quatre jours.
TÉMOIGNAGE

En Corse, les deux hommes interpellés après les violences commises contre des pompiers et policiers le soir de Noël, ont passé une deuxième nuit en garde à vue. Après les manifestations racistes à Ajaccio, les dirigeants nationalistes ont dénoncé ces débordements et appelé à l'apaisement. Ces violences sont-elles l'expression locale d'un sentiment raciste qui se généralise en France ? C'est en tout cas ce que craint Marielle Timme, une rescapée du Bataclan. Elle dénonce mardi matin sur Europe1 une xénophobie ambiante qui, malheureusement, prend de plus en plus d'ampleur.

"J'ai remarqué que le racisme est maintenant très décomplexé en France. Déjà depuis plusieurs années, mais encore plus depuis les attentats" remarque-t-elle.

Entendu sur europe1 :
"Ce qu'il se passe en Corse […] est complètement disproportionné."

"Du fond de ma cachette, j'avais une pensée pour tous mes amis musulmans". Marielle Timme revient par ailleurs sur les débordements racistes en Corse, ces derniers jours. "Ce qu'il se passe en Corse, de voir que des jeunes de cité ont mal agi et que la réaction du reste de la population soit d'attaquer une salle de prières, de déchirer et de brûler des exemplaires du Coran, je trouve ça complètement disproportionné. Je vais vous dire : j'étais otage, et du fond de ma cachette, j'avais une pensée pour tous mes amis musulmans. Je me suis dit 'ils vont encore s'en prendre plein la tête, les pauvres'. Je ne veux pas vivre dans la peur. Je ne veux pas que tous mes actes soient gouvernés par ce que j'ai vécu au Bataclan, sinon, ça veut dire que Daech a gagné".

Pour la jeune femme, le climat actuel est en partie exacerbé par les déclarations de certains hommes politiques, notamment par le maire de Béziers, Robert Ménard, qui a récemment déclenché la polémique en comparant les musulmans qui ont protégé des églises le soir de Noël à "des pyromanes protégeant un incendie." "Il y a cette dissension que Daech a voulu créer dans le peuple français, et Robert Ménard fait la même chose en recréant, pareillement, une dissension dans le peuple. Il me semble, en associant les musulmans à Daech, qu'il fait leur jeu. Il fait le jeu de Daech, c'est ça qui est révoltant pour moi", confie-t-elle.