Rentrée 2016-2017 : que vont apprendre les élèves cette année ?

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Réforme du collège, refonte des programmes… La nouvelle année scolaire comporte plusieurs nouveautés. 

"Les réponses à la menace terroriste passent aussi par le contenu de l'école. C'est la connaissance face à la barbarie", a lancé lundi matin Najat-Vallaud Belkacem, lors de sa conférence de presse de rentrée. En cette rentrée 2016, "le contenu de l'école" évoqué par la ministre fait peau neuve. Réforme du collège, refonte des programmes, plan numérique, éducation à la citoyenneté… L'année scolaire 2016-2017, qui démarre jeudi, ne ressemblera pas à la précédente, et ce malgré les réticences de nombreux enseignants. "Nous changeons beaucoup de choses. Ce n'est pas facile, je comprends les réticences", assure la ministre de l'Education, en référence à la journée de grève contre la réforme des collèges prévue le 8 septembre.

>> Quels sont ces changements ? Que vont apprendre les élèves cette année ? Europe 1 fait le point.

  • LA REFORME DU COLLÈGE

C'est elle qui cristallise les tensions : la réforme du collège s'appliquera dans quasiment tous les établissements dès le 1er septembre prochain. Selon la ministre de l'Education, moins de 10% des établissements font de la résistance. Ces derniers seront "accompagnés" tout au long de l'année pour que la réforme entre en application, assure-t-elle lundi. Principal changement prévu par le texte : les établissements auront 20% d'autonomie en plus, afin de mettre en place de nouveaux enseignements dits "pluridisciplinaires" et des programmes "'d'accompagnement personnalisée".  

Les enseignements pratiques interdisciplinaires, dits "EPI", créés à partir de la 5e, doivent ainsi "donner du sens" aux apprentissages, "contextualiser" les connaissances et favoriser le travail en groupe. Les projets, pris en charge par les enseignants de toutes les matières, seront inscrits dans les programmes scolaires et évalués au brevet. Huit thématiques donnent un cadre à ces modules interdisciplinaires : "développement durable", "sciences et société", "corps, santé et sécurité", "information, communication, citoyenneté", "culture et création artistiques", "monde économique et professionnel", "langues et cultures de l'Antiquité", "langues et cultures régionales et étrangères".

En clair, de la 5e à la 3e, les élèves devront choisir au moins deux de ces huit modules. Au moins deux heures par semaine seront consacrées à ces deux cours. Dans chacun de ces modules, les professeurs devront mettre en place un cours regroupement plusieurs matières traditionnelles. Au collège Lucie et Raymond Aubrac, à Paris, un module proposera par exemple aux élèves de 3e de créer un jeu vidéo, dans un cours mixant l'histoire, la technologie, la musique, les arts-plastiques ou le français. En 4e, les élèves pourront reconstituer un procès, afin de mettre en pratique leurs connaissances acquises en histoire, en français et en arts-plastiques, nous apprend le JDD.

La réforme prévoit également plus d'accompagnement personnalisé pour les élèves. En 6e, les élèves pourront donc bénéficier de trois heures par semaine destinées à combler leurs lacunes, à traiter de questions de méthodologies, à s'avancer sur leurs travaux personnels etc. Les élèves de 5e,  4e et 3e auront le droit à une ou deux heures. Qui se chargera de ces heures d'accompagnement ? Quel en sera le contenu ? La question devra être tranchée au cas par cas par le corps enseignant et la direction des établissements.

Enfin, la réforme prévoit plusieurs changements dans l'enseignement des langues. L'apprentissage de la deuxième langue vivante sera avancé en cinquième. Les sections européennes du collège et les classes bilangues (deux langues vivantes dès la 6e), quant à elles, disparaîtront. Les options latin et grec telles qu'elles existent aujourd'hui au collège sont aussi supprimées. Mais elles sont remplacées par un "enseignement pratique interdisciplinaire" (EPI) consacré aux langues et cultures de l'Antiquité, que les élèves pourront choisir dès la 5e. Face à la fronde des professeurs de langues anciennes, "un enseignement de complément" (une heure en 5e, deux heures en 4e et 3e) de latin et de grec a également été mis en place. Enfin, si un élève apprend une autre langue que l’anglais en LV1, il peut alors débuter dès la 6e l’anglais en LV2.

Combien d'heures de maths, français, histoire..? Face à tous ces chamboulements, quelle place reste-t-il aux enseignements obligatoires ? Le français, les maths, l'histoire-géo, les langues, la SVT, la physique-chimie, la techno, l'EPS, les arts-plastiques et la musique bénéficieront au total de 26 heures par semaine (4,5 heures pour les maths et autant pour le français par exemple). Est-ce plus ou moins d'heures qu'avant la réforme ? La réponse n'est pas claire.

Auparavant, aucune durée n'était vraiment fixée. Selon le gouvernement, les enseignements obligatoires bénéficiaient déjà de 26 heures par semaine avant la réforme, et celle-ci ne diminue pas leur volume horaire. Mais pour les opposants à la réforme, ces 26 heures n'étaient qu'une durée plancher, souvent dépassée par les enseignants pour boucler le programme. En clair, selon les opposants, la mise en place des EPI et des heures d'accompagnement vient grignoter du temps de cours aux enseignements obligatoires. Pour le gouvernement, au contraire, la réforme vient calibrer et organiser les enseignements, sans enlever ni ajouter de temps de cours.

  • LA REFONTE DES PROGRAMMES

Les collégiens ne sont pas les seuls à voir leurs programmes bouleversés. Du CP à la troisième, les programmes sont modifiés à partir de cette rentrée.

Premier changement de taille : les évaluations se feront désormais sur des cycles de trois ans, afin de mieux s'adapter au rythme de chaque élève. Un enfant de CE1 qui ne maîtrisera pas totalement les multiplications pourra ainsi passer en CE2. Il aura ainsi plus de temps pour rattraper son retard. 

Cette réforme des programmes vise avant tout à "maîtriser les fondamentaux", assure la ministre. Dès lors, l'accent sera mis sur les maths, la lecture et l'écriture. Comment ? "La pédagogie de la répétition et de l’entraînement quotidien est au cœur de ces nouveaux programmes", détaille le ministère de l'Education nationale sur son site. "Ainsi, afin d’assurer la maîtrise de la langue, les horaires de français sont renforcés (au-delà des 10 heures de français hebdomadaires, 10 heures sont consacrées à des activités quotidiennes d’oral, de lecture et d’écriture). Les nouveaux programmes prévoient des travaux d’écriture quotidiens, des activités de lecture quotidienne et des exercices de calcul mental quotidiens", poursuit le ministère.

L'apprentissage d'une LV1, enfin, se fera dès le CP.

  • LE PLAN NUMÉRIQUE

À partir de cette rentrée, un quart des collèges et écoles entrent "pleinement" dans le plan numérique, dont le déploiement se poursuivra pour les rentrées 2017 et 2018, assure le ministère. De l'école primaire à la terminale, le numérique fera donc son apparition dans les programmes des établissements concernés. Le code informatique sera enseigné dès la 5e. Et l'éducation aux médias et à l'information sera élargie. Pour accompagner les programmes, 25% des élèves de 5e seront par ailleurs équipés en tablette numérique dès cette rentrée. Un chiffre amené à se généraliser.  

  • LAÏCITÉ, CITOYENNETÉ : L'ECOLE AVANCE

Le "plan de grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République", initié après les attentats de janvier 2015, continue enfin de se développer cette année (le détail ici). Objectif : former les élèves à la citoyenneté, dans un contexte brulant de menace terroriste. L'exécutif veut également accroître la mobilisation pour la "Journée de la laïcité", mise en place depuis l'an dernier le 9 décembre, date anniversaire de l'adoption de la loi de 1905. Les 5.400 "réservistes de l'Education nationale", peu sollicités jusqu'alors, seront par ailleurs davantage mobilisés pour éduquer les élèves à la citoyenneté.

Le Conseil de la vie collégienne, une instance qui permet aux élèves de s'impliquer dans la vie de l'établissement, est désormais généralisé. La formation des personnels de l'Education nationale à la laïcité va être "amplifiée", promet encore la ministre. Enfin, en 2017, un "livre citoyen" sera remis à chaque élève en fin de scolarité. Il "associera aux textes fondateurs de leur vie de citoyen toutes les formes d’engagement qu’ils auront prises".