Remplacement des professeurs absents : que pense le monde éducatif des annonces de Najat Vallaud-Belkacem ?

Najat Vallaud-Belkacem
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
  • Copié
, modifié à
La ministre de l'Education nationale a annoncé mardi plusieurs mesures pour réduire le nombre de cours supprimés en raison des absences de professeurs. 

Les élèves du primaire et du secondaire ont manqué, au total, 40.000 jours de cours l'an dernier, selon la FCPE, la première organisation de parents d'élèves. En cause : le non remplacement des professeurs absents. Pour inverser la tendance, Najat Vallaud-Belkacem a annoncé mardi plusieurs mesures. Mais les propositions de la ministre de l'Education sont loin de convaincre tout le monde, certaines ayant même déjà échoué par le passé.

Des heures supplémentaires pour les enseignants

Ce qu'a annoncé la ministre. L'une des mesures phares annoncées par la ministre pour "renforcer le potentiel de remplacement" est en effet la réactivation d'un décret de… 2005. Dans le second degré, lorsqu’une absence est inférieure ou égale à 15 jours, c'est l’établissement qui est en charge de trouver une solution, et non l'académie. Ces absences dites de "courtes durées" sont celles qui posent le plus de difficultés : 38% ne sont pas remplacées, contre 97% lorsqu'un enseignants est indisponible plus de deux semaines. Pour améliorer la situation, la ministre promet de "réactiver le protocole" de 2005. Ce dernier permet à un enseignant d'un établissement de faire jusqu'à cinq heures supplémentaires par semaine, mieux rémunérées, pour pallier l'absence d'un collègue du même établissement. Reposant sur la base du volontariat, ce système n'avait pas séduit les enseignants, au point d'être "tombé en désuétude", reconnaît la ministre.

Comment le réactiver ? "Le ministère mobilisera les services académiques et les chefs d’établissement afin d’assurer la présentation des protocoles lors des prochains conseils d’administration des établissements, d'assurer la diffusion de ces protocoles à la communauté éducative  ainsi que la programmation d’un bilan à l’issue de l’année scolaire", peut-on lire sur le site du ministère. Mais selon beaucoup d'observateurs, ces initiatives sont loin d'être suffisantes.

Ce qu'en dit le milieu éducatif. "Si on s'arrête à ce qui a été annoncé, ce dispositif donnera les même résultats qu'auparavant. C’est-à-dire qu'il tombera en désuétude", tranche Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, principal syndicat des chefs d'établissement du secondaire, interrogé par Europe 1. "Les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets. Tant que cela reste sur la base du volontariat, tant qu'il y aura plus d'heures supplémentaires à faire que de personnel disponible, cela n'avancera pas", martèle le proviseur. Et d'enchaîner : "il faut surtout plus de souplesse. Aujourd'hui, les rectorats mettent en place des systèmes d'autorisation d'heures supplémentaires beaucoup trop compliqués. Résultat : lorsqu'un enseignant obtient des heures supplémentaires, l'enseignant absent est déjà revenu !"

La FCPE (parents d'élèves) se veut quant à elle optimiste. Elle salue des "mesures qui vont dans le bon sens" et promet de se mobiliser pour que le protocole soit appliqué. "Nous ferons remonter tous les établissements dans lesquels les protocoles de remplacement ne sont pas présentés de manière effective. Nous menons une veille et saurons porter le message au plus haut niveau pour que ce soit efficace", a assuré Liliana Moyano, présidente de la FCPE, mardi, au micro d'Europe 1

Améliorer le "vivier" de remplaçants

Ce qu'a annoncé la ministre. Pour remplacer les professeurs des écoles (1er degré) absents, la ministre a confirmé la poursuite de recrutements de personnel. Objectifs : constituer un "vivier" de remplaçants, c’est-à-dire de professeurs titulaires prêts à se déplacer en fonction des absences. "En 2017, ce sont environ 1.500 emplois supplémentaires qui seront créés", promet le ministère. Pour rendre ce "vivier" plus efficace, la ministre a annoncé un élargissement de sa zone d'intervention. A partir de la rentrée prochaine, les professeurs remplaçants pourront être affectés dans tout le département dans lequel ils résident. Ils étaient, jusqu'à présent, cantonnés  dans une zone définie par l'académie et qui pouvait être bien plus petite qu'un département.

Ce qu'en dit le milieu éducatif. Sur cette mesure, la FCPE (parents d'élèves) se réjouit "d'avoir été entendue". Les enseignants, en revanche, se montre bien moins optimistes. "On va perdre une gestion de proximité du remplacement, au plus près des besoins", déplore dans Le Monde Francette Popineau du SNUipp-FSU, syndicat des professeurs des écoles.

Une meilleure gestion des absences prévisibles

Ce qu'a annoncé la ministre. La gestion des absences prévisibles doit aussi être améliorée, a martelé mardi Najat Vallaud-Belkacem. Ainsi, la ministre annonce que les absences liées à des formations ou à la participation à un jury seront désormais mieux "organisées".  Des formations d'enseignants pourront être organisées pendant les vacances scolaires, sur la base du volontariat et rémunérées. De même, les jurys et les préparations d'examen seront "organisés de préférence le mercredi après-midi".

Ce qu'en dit le milieu éducatif. Le hic ? "Ce sont des mesures déjà connues", souffle Philippe Tournier, du SNPDEN. Et ce dernier de conclure : "la possibilité d'organiser des journées de formations pendant les vacances a été évoquée dès 1984. Il n'y a rien de mal à dire de ces mesures. Mais encore faut-il qu'elles soient appliquées…"