Religions : "Les élèves sont plutôt conservateurs, voire fondamentalistes"

© FRED DUFOUR / AFP
  • Copié
G.S. , modifié à
Le chercheur Bastian Roché a dirigé une étude d'une ampleur inédite auprès de 9.000 collégiens des Bouches-du-Rhône sur le fait religieux à l'école.
INTERVIEW

"La relation à Dieu a de l'importance à l'école. Soit parce qu'on est athée, soit parce qu'on a une religion. Et à ce moment-là, les gens s'attachent aux dogmes". Bastian Roché est politologue et spécialiste des questions de délinquance. Il a dirigé une étude d'une ampleur inédite, organisée par le CNRS et Sciences-Po Grenoble, auprès de 9.000 collégiens des Bouches-du-Rhône, sur le fait religieux à l'école. Il était lundi l'invité d'Europe midi.

Pas radicaux, plutôt conservateurs. Sur les élèves interrogés, 61% déclarent avoir une religion, 30,4% se déclarant catholique, 25,5% musulmans, 1,7% protestants et 1,6% juifs. Comment s'exprime cette religiosité? "Très peu d'élèves sont radicaux au point de légitimer l'usage de la violence. Ils sont plutôt conservateurs, voire fondamentalistes, au sens d'un retour aux principes premiers", explique Bastian Roché.

Et le chercheur de poursuivre : "lorsque l'école contredit ce que dit le livre sacré, la préférence va plutôt, pour les élèves croyants, vers le livre sacré. Sur l'évolution des espèces, par exemple. Les athées sont très confortables avec ça. Mais les croyants beaucoup moins. 75% des élèves musulmans interrogés rejettent par exemple la théorie de l'évolution (contre 48% des catholiques et 6% des athées)". 47% des élèves musulmans et 23% des catholiques pensent par ailleurs que les homosexuels ne sont pas des "gens comme les autres". 41% des élèves musulmans les plus pratiquants et 29% des catholiques pensent également que "la femme est faite avant tout pour concevoir des enfants et les élever".

"La religion ressort de sous le tapis". "On n'a pas assez de points de référence sur l'école en sociologie des religions. On n'avait pas encore de visions sur un échantillon représentatif", explique le chercheur. "On avait un peu mis sous le tapis la religion, elle ressort de sous le tapis". Résultat : il est difficile d'observer une tendance de l'évolution du religieux à l'école. Faute d'éléments comparatifs, on ne peut donc que constater.