Quelle sécurité sur les plages de France cet été ?

Pour pallier à la présence plus tardive des maîtres-nageurs CRS sur les plages françaises, les communes ont mis la main à la poche.
Pour pallier à la présence plus tardive des maîtres-nageurs CRS sur les plages françaises, les communes ont mis la main à la poche. © AFP
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Alors que les vacances scolaires commencent, Europe 1 fait le point sur la surveillance des plages du littoral français. 

Mercredi a sonné le premier jour des vacances scolaires d'été. Alors que les congés débutent, la question de la sécurisation des plages vient forcément à l'esprit, notamment en contexte de menace terroriste élevée. L'an dernier, sur une plage de Sousse en Tunisie, un homme armé se revendiquant de Daech avait ouvert le feu, tuant 38 touristes. Mobilisés depuis plusieurs mois sur tous les fronts (état d'urgence, manifestations, et depuis début juin pour l'Euro de football), les CRS seront moins nombreux sur les plages cet été aux postes de surveillance de la baignade, même s'ils seront armés. Les communes littorales, elles, ont pris les devants pour assurer la sécurité des touristes. Alors, comment les zones de baignade vont-elles être surveillées ? Europe 1 fait le tour des plages. 

  • Le port d'arme autorisé pour les CRS-MNS

Le 24 juin dernier, une note interne transmise par la Direction centrale des compagnies républicaines de sécurité annonçait l'autorisation du port d'arme pour les nageurs sauveteurs CRS, comme l'avait révélé LCI. Conséquence du drame de Magnanville, où deux fonctionnaires de police – hors service – ont été tués par un terroriste, cette mesure était réclamée depuis longtemps par les syndicats de police. Sur Europe 1, Nicolas Comte, porte-parole de SGP Police-FO, s'était déclaré satisfait de ce dispositif : "On a vu qu'aujourd'hui les policiers étaient des cibles 'de choix' pour les terroristes". Le port d'arme constitue aussi un moyen d'"assurer la sécurité des baigneurs et être prêts à réagir en cas d'attaque armée sur une plage", avait-il souligné.

En sus de la matraque et des menottes dont ils sont équipés, les policiers maîtres-nageurs sauveteurs (MNS), chargés de veiller au bon déroulement de la baignade et au comportement civique des vacanciers, pourront donc porter leur pistolet automatique. Toutefois, ce port d'arme ne sera autorisé que pour le chef de poste et son adjoint suppléant. "L'arme sera rangée dans un étui spécifique, adapté à leur tenue de maîtres-nageurs, et très discret, pour ne pas changer la vision des CRS sur la plage. Car on ne veut pas créer la psychose sur la plage", décrit Cyril Lambert, référent NS-CRS chez Unsa-Police. "Nous serons prêts à riposter en cas d'agression si nécessaire, mais nous continuerons à accomplir notre mission de sauvetage initiale", insiste-t-il.

  • Quand les CRS-MNS seront-ils présents sur les plages ?

Si les familles commenceront à déferler vers les stations balnéaires dès la fin de semaine, les CRS-MNS ne seront sur place qu'à compter du 20 juillet, et pour cinq semaines seulement (jusqu'au 22 août). "Habituellement, on est calés sur les dates de vacances scolaires", indique Cyril Lambert, qui souhaiterait que leur mobilisation se poursuive jusqu'au 31 août. "Les Français qui ont travaillé toute l'année ont droit à la même sécurité que n'importe quel supporter de football", avance-t-il.

Pour le syndicaliste, la présence des CRS est un véritable plus pour assurer la sécurité publique. "On connait parfaitement la physionomie des plages, et même les lieux de fuite... En cas de vol de sacs par exemple, nous intervenons immédiatement. Pas besoin d'appeler le poste de gendarmerie ou de police du coin. Nous avons un pouvoir de coercition que n'ont pas les maîtres-nageurs civils. Le poste de police est au bord de l'eau, c'est instantané", argumente-t-il pour défendre le rôle des CRS-MNS présents sur les plages françaises depuis 1958. 

  • Combien seront-ils ? 

Leur affectation tardive et la baisse des effectifs, cet été, s'explique par la mobilisation des forces de police pour l'Euro 2016 et l'état d'urgence. Seuls 297 CRS-MNS seront ainsi présents sur les plages de 66 communes cette année, contre 460 mobilisés en 2015 sur une centaine de stations balnéaires. A Lacanau, en Gironde, où Cyril Lambert assure la surveillance estivale depuis maintenant dix ans, ils seront cinq contre 11, l'an passé. S'il comprend bien la mobilisation nécessaire de ses collègues durant la compétition européenne de football, Cyril Lambert, nageur sauveteur depuis 15 ans, rappelle que "durant la Coupe du Monde 1998, aucune diminution d'effectifs n'avait été constatée".

  • Comment la sécurité de la baignade va-t-elle être assurée ?

"Cela fait un moment (depuis janvier 2016 ; ndlr) que l'on sait que les CRS arriveront plus tard, donc les communes ont pris des dispositions pour pallier ce manque. Les touristes n'arrivent pas le 20 juillet", relativise Jean-François Rapin, président de l'Association nationale des élus du littoral. Pour compenser leur absence ou leur arrivée tardive sur leurs plages, certaines municipalités ont donc embauché des maîtres-nageurs civils. Du côté de La Baule, en attendant la venue des CRS-MNS, la surveillance est ainsi assurée par les maîtres-nageurs saisonniers, avec l'appui de dix chefs de poste supplémentaires (parmi lesquels d’anciens policiers ou pompiers expérimentés), assure-t-on à Europe 1.

En Méditerranée...

Tout comme à Cannes, où la mairie, contactée par Europe 1, indique avoir fait appel à un renfort de saisonniers pour suppléer à l'absence sur la saison de neuf CRS, en embauchant "25 maîtres-nageurs, contre 16 l'an dernier". "La densité de population et les risques qui pèsent sur cette foule sont de vrais problèmes que l'on doit prendre très au sérieux", fait-on valoir au service communication. Ainsi, six VTTistes ont également été recrutés pour veiller sur la Croisette, contre deux en 2015. Le tout, selon la mairie, pour une facture de 230.044 euros.

Du côté de Nice, un seul poste de secours est normalement tenu par les CRS-MNS. Mais toujours dans l'attente de précisions sur l'affectation de CRS, la mairie, contactée par Europe 1, a affirmé avoir pris les devants. Des maîtres-nageurs du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) assurent donc la surveillance sur ce poste depuis début juin.

Dans le Sud-Ouest...

Sur certaines plages, comme à Lège-Cap-Ferret, les mairies ont même fait assermenter des maîtres-nageurs civils afin qu'ils puissent verbaliser les infractions commises sur le sable, comme peuvent le faire communément les CRS. "On a été assermentés au tribunal d'Arcachon, début juin, pour pouvoir faire respecter les arrêtés municipaux, pour avoir un pouvoir un peu plus fort", explique Kevin Van Der Schueren, le chef de plage du Grand Crohot, à France 3 Aquitaine

A Biarritz, le maire Michel Veunac annonce, pour sa part, que "13 caméras de vidéosurveillance ont été installées spécifiquement pour la saison estivale", notamment aux abords de la Grande plage de la ville, très fréquentée. Cette année, la ville de la côte basque devra faire avec quatre CRS, contre sept l'an passé. "Nous avons créé des postes supplémentaires, quatre autres maîtres-nageurs sauveteurs pour couvrir ce manque", détaille l'édile MoDem, pour un coût supplémentaire de 50.000 ou 60.000 euros. Du côté de la police municipale, en temps estival, le nombre d'agents est par ailleurs quasiment doublé, "passant de 23 à 40", précise auprès d'Europe 1 Michel Veunac.

"L'objectif est d'exercer une vigilance supérieure cette année, car tout peut arriver. Mais en même temps, les gens chargés de la surveillance sont experts, formés : ils vont exercer leur métier avec un peu plus de vigilance que d'habitude, mais il ne faut pas pour autant tomber dans la psychose", développe-t-il. D'autant plus que du coté des renforts terrestres, affectés de coutume chaque été sur les stations balnéaires, policiers et gendarmes mobiles seront bien au rendez-vous sur le littoral français.