Quelle sécurité pour les entreprises françaises à l’étranger ?

Eddie, Arnaud et Antonio étaient envoyés au Burkina Faso par leur entreprise de transport. Ils sont morts, la semaine dernière, dans l'attaque de Ouagadougou.
Eddie, Arnaud et Antonio étaient envoyés au Burkina Faso par leur entreprise de transport. Ils sont morts, la semaine dernière, dans l'attaque de Ouagadougou. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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Aude Leroy et T.M.
300 patrons se retrouvent jeudi au Quai d'Orsay pour une rencontre consacrée à la sécurité.
ENQUÊTE EUROPE 1

Comment améliorer la sécurité des entreprises françaises à l'étranger ? La question est cruciale, face à la multiplication des menaces. Mais toutes les entreprises françaises ne sont pas toutes au même niveau de préparation et de précaution. Jeudi matin, le Quai d’Orsay rassemble 300 chefs d’entreprise pour une rencontre consacrée à la sécurité de leurs employés à l'étranger.

Géolocalisation, bouton de secours et voitures blindées.L’attentat d’In Amenas, en Algérie, il y a trois ans quasiment jour pour jour, avait été le déclencheur pour les entreprises du CAC 40. Depuis, elles ont considérablement renforcé leurs dispositifs de sécurité sur les sites à risque : applications de géolocalisation sur smartphones 24 heures sur 24, bouton de secours en cas de problème, escortes, voitures blindées, interdiction de sortir de l’hôtel une fois la nuit tombée… Et les procédures sont strictement appliquées. C'était notamment le cas lors de l’assaut contre un hôtel de Bamako, le 20 novembre dernier. Les 12 otages français avaient été exfiltrés : aucun ne figure parmi les 22 victimes.

"80% des entreprises n'ont pas de dispositif". D'autres sociétés en revanche, plus petites, ne prévoient rien ou presque, bien qu'elles emploient quelques centaines de salariés, qui travaillent de plus en plus à l’international. L'attaque de Ouagadougou, au Burkina Faso, la semaine dernière, où trois collègues français ont été tués alors qu'ils venaient d'y finir un chantier, en est la preuve. "80% des entreprises françaises n’ont pas réellement de dispositif alors qu’elles vont de plus en plus en Afrique", explique Olivier Hassid, directeur de PWC, conseil en sécurité. "Les patrons se disent : ça n’arrive qu’aux autres et cela a un coût. Sur 1 million d’euros à investir dans une zone, la sécurité peut coûter 50.000 euros, voire 100.000 euros. Ça renâcle, ça fait des économies de bout de chandelles et parfois le collaborateur a peur", constate-t-il au micro d'Europe 1.

Lorsqu'un collaborateur est blessé ou tué, le chef d’entreprise est pénalement responsable, et les familles pourraient tout à fait se retourner contre lui. C’est même de plus en plus fréquent.