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G.P.
Sur Europe 1, le psychiatre Jean-Claude Matysiak a expliqué en quoi une hypersexualité ne posait pas de problème, si elle n'était pas accompagnée de souffrance.
INTERVIEW

"Une sexualité, riche, variée, désirée est un signe de bonne santé mentale". Dans Il n'y en a pas deux comme elle, Jean-Claude Matysiak, psychiatre et chef de service de traitement des maladies addictives au centre hospitalier de Villeneuve-Saint-Georges, a voulu modérer le terme d'hypersexualité, trop connoté comme étant synonyme d'une maladie selon lui. "Je ne dis pas que les personnes qui n'ont pas, ou peu, de relation sexuelle sont des anormaux. (...) Je dis simplement qu'il ne faut pas culpabiliser l'hypersexualité".

La sexualité, un domaine complexe. "On est entré dans une nouvelle ère où les médecins sont devenus les nouveaux prêtres de la normalité, avec une logique de santé publique", décrit Jean-Claude Matysiak. Or, le concept de sexualité est encore plus complexe, "car il est emprunt de morale, de religion et d'un concept de maladie mal définie", selon le spécialiste. "On peut avoir une sexualité très fréquente, variée, être infidèle, consulter des sites pornos et se masturber devant, sans être malade", indique le psychiatre. Mais alors, où commence l'addiction au sexe ?

La "centration". Pour Jean-Claude Matysiak, l'addiction au sexe est "très simple à définir". "C'est à partir du moment où il y a une souffrance de la personne. A partir du moment où ça n'est plus assumé", explique le psychiatre. Lorsque sa sexualité n'est plus un choix, "et que l'on passe de quelque chose de voulu, à la compulsion, qui s'impose à vous", poursuit le spécialiste. Les psychiatres utilisent alors le terme de "centration", car l'addiction centre la vie de l'individu, tout tourne autour de cela. "Il y a des gens qui sont pris à leur boulot en train de se masturber sur Internet. (...) On voit bien la nuance, car cela veut dire qu'on ne peut plus s'empêcher de le faire".