Muriel Robin sur l'affaire Jacqueline Sauvage : "La légitime défense telle qu'elle est appliquée en France n'est pas possible"

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Ugo Pascolo , modifié à
Sauver "celles qui sont encore vivantes" : tel est l'objectif affiché d'un manifeste publié par le "JDD", à l’initiative de Muriel Robin. La comédienne est revenu sur ce combat, vendredi sur Europe 1
INTERVIEW

Dans un manifeste signé par 87 personnalités et publié dans le Journal du dimanche, Muriel Robin interpelle Emmanuel Macron sur les violences faites aux femmes. "Il faut aider, il faut soutenir, il faut tendre la main, tendre le cœur à ces femmes parce que c'est 150 cadavres par an. J'ai honte, on a tous honte", expliquait-elle ensuite sur Europe 1.

Les signataires pointent le "silence assourdissant" autour de ce sujet de société, pourtant déclaré "grande cause nationale" pour l'année 2018 par le gouvernement, et font plusieurs propositions concrètes pour sauver "celles qui sont encore vivantes". La comédienne, qui incarne Jacqueline Sauvage dans un téléfilm diffusé sur TF1 le 1er octobre, était l’invité de Nikos Aliagas, vendredi matin sur Europe 1.

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"Cela donne un peu le goût du vrai". "On ne sort pas indemne d'un tel tournage", lance Muriel Robin, avec une certaine émotion dans la voix. "Parce que les scènes jouées avec Olivier Marchal [qui campe Norbert Marot, le mari de Jacqueline Sauvage, ndlr] sont un peu vraies même si elles sont fausses : il faut bien qu'il m'attrape par les épaules pour me tirer hors du lit et me jeter par terre. J'avais des bleus partout", raconte l'actrice. "Malgré ce faux, cela donne un peu le goût du vrai. [...] On a été très impactés parce qu'en plus, on a tourné toutes les scènes de violence dans la maison. Et pendant quatre jours, on en rêvait, on a mal dormi". 

La nécessité d'une nouvelle légitime défense. Avec Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi, l'objectif n'est pas de faire une hagiographie, mais de raconter avant tout l'histoire d'une femme battue. "Il faut regarder le film parce qu'on voit les scènes de violence, mais aussi l'histoire d'amour. Donc on peut comprendre, car si on ne prend pas en compte ces années de violence, il n'y a pas légitime défense [le procès de l'affaire Sauvage reposait sur l'application ou non du principe de légitime défense, ndlr]. La légitime défense telle qu'elle est appliquée aujourd'hui en France n'est pas possible, on ne peut pas répondre à la force d'un homme", explique Muriel Robin. 

L'exemple canadien. "Mais au Canada, ils prennent en compte les années de violence, la taille, le poids de l'agresseur et de l'agressé. Ils ont changé la loi, donc on va pouvoir la changer en France, parce qu'on ne peut pas nier ces années de violence, c'est impossible", déroule-t-elle. "Une femme se défend légitimement, et parfois elle se retrouve coupable, ce n'est pas possible !"

Rencontrer Emmanuel Macron. Quant à son appel dans le JDD, Muriel robin précise "qu'il s'adresse aux victimes, pour leur dire 'regardez comment on est nombreux, vous n'êtes plus seules parce qu'on est là pour vous représentez !'. Plus on sera nombreuses, plus je serai légitime pour parler à Emmanuel Macron. Et c'est à lui que je veux parler, parce que je veux voir le chef de la tribu. C'est trop grave, il ne faut plus perdre du temps sur ce sujet", conclut-elle.