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Ugo Pascolo , modifié à
Pour la ministre du Travail, l'objectif de la réforme de l'apprentissage est de changer les mentalités et de valoriser l'apprentissage auprès de ce "million de jeunes qui ne se projettent pas vers l'avenir". 
INTERVIEW

"Il faut que les jeunes aient la chance d'aller vers des métiers de passion et d'excellence alors que plus d'un million d'entre eux ne se projettent pas vers l'avenir". Invitée d'Europe 1 matin lundi, la ministre du Travail Muriel Pénicaud présente son plan pour dépoussiérer l'apprentissage en France. 

"Casser les codes". "A chaque contrat d'apprentissage, le financement sera garanti. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", explique Muriel Pénicaud. Après la réforme du code du Travail, la ministre s'attaque donc à un nouveau chantier titanesque avec l'apprentissage. "Avec la campagne que nous lançons ce lundi, #démarretastory, le but est de casser les codes et les idées reçues : beaucoup de jeunes ne savent pas que l'on peut préparer les mêmes diplômes, un CAP, un bac pro, ou même être ingénieur en passant par l'apprentissage", dévoile-t-elle.

Une meilleure rémunération et 500 euros pour passer le permis. Avec seulement 300.000 nouveaux apprentis l'an dernier, l'apprentissage n'a intéressé que 7% des jeunes, un chiffre très insuffisant. Alors pour attirer de nouvelles recrues, Muriel Pénicaud a décidé de toucher au porte-monnaie : "On va augmenter la rémunération des apprentis". "Ils auront chacun 500 euros pour payer la moitié de leur permis, et on va se charger de négocier les prix", révèle la ministre. Pour autant, Muriel Pénicaud se défend d'avoir un objectif chiffré, "on est plus ambitieux que ça", glisse-t-elle dans un sourire. Pour mener à bien sa réforme, la ministre veut mobiliser "les jeunes, les entreprises, l'éducation nationale, les régions et les partenaires sociaux". 

Entendu sur europe1 :
Il n'y a plus de limites pour le financement

Mobiliser tout le monde, partout. Une mobilisation qui commence dès l'école, "il va y avoir une découverte des métiers avec tous les collèges et tous les lycées, car la plupart des jeunes n'ont pas une idée réelle des métiers". "On veut faire des passerelles entre les lycées professionnels et les centres d'apprentissage (CFA), il faut tous les mobiliser sur ce point", explique la ministre du Travail. "Un lycée professionnel va pouvoir ouvrir des sections d'apprentissage dans les quartiers populaires, pour contribuer à la dynamique".

"C'est le moment d'y aller". Des ouvertures de nouveaux CFA et sections vont être rendues possibles par un changement du mode du financement de l'apprentissage : désormais le milliard et demi d'euros attribués aux régions pour financer les lycées pros ira "aux entreprises et aux jeunes", explique Muriel Pénicaud. Une mesure qui passe mal auprès des régions mais qui n'empêche pas la ministre de maintenir son cap. L'objectif affiché est simple : "tout l'argent de l'apprentissage ira à l'apprentissage. Il n'y a plus de limites pour le financement". "Cela repose sur le pari que les entreprises vont embaucher plus d'apprentis. Aujourd'hui je fais appel à toutes les entreprises, c'est le moment d'y aller", martèle la ministre.

Ne pas perdre de temps. Autrefois limitée à 25 ans, la limite d'âge de l'apprentissage va être repoussée à 30 ans, "parce qu'il y a de plus en plus de jeunes qui ont fait un an, voire deux ans à l'université et qui changent d'avis sur leur orientation", explique Muriel Pénicaud. "Et c'est sur le coup des 25-26 ans qu'ils savent s'ils veulent faire un BTS informatique ou devenir charpentier. Il faut que cela soit possible grâce à l'apprentissage". Anticiper les mauvais choix d'orientation est le dernier axe" de la réforme de l'apprentissage : "si un jeune quitte une formation en cours d'année parce qu'il se rend compte que cela ne lui convient pas, aujourd'hui il perd une année". "On va mettre en place un système pour qu'un jeune puisse continuer sa formation, même s'il change en plein milieu de l'année scolaire", détaille la ministre.