Michèle, victime du "violeur de la Sambre" : "Il m'a mis un couteau sous la gorge"

© LIONEL GOUGELOT / EUROPE 1
  • Copié
Lionel Gougelot et T.M. , modifié à
En 2002, Michèle, 60 ans aujourd'hui, a été victime du "violeur de la Sambre", qui a avoué mercredi "une quarantaine" de viols et agressions sexuelles. Plus de quinze ans après les faits, elle témoigne sur Europe 1.
TÉMOIGNAGE

Il a sévi pendant près de trente ans, avant de passer aux aveux mercredi. Dino Scala, un ouvrier nordiste de 57 ans, désormais identifié par la police comme "le violeur de la Sambre", a reconnu "une quarantaine" de viols et d'agressions sexuelles, principalement dans le Nord. Et très souvent avec le même mode opératoire. Ce père de trois enfants, agent d'entretien de profession, agissait tôt le matin, cagoulé, et ganté. Michèle fait partie de la longue liste de victimes. Sur Europe 1, elle raconte les violences qu'elle a subies en 2002 à Louvroil, près de Maubeuge, où elle est agent municipale.

"Au moment où j'ai fermé la porte, il m'a sauté dans le dos". Âgée de 45 ans à l'époque, Michèle venait ce matin-là d'arriver à son travail. "Au moment où j'ai fermé la porte, il m'a sauté dans le dos. Puis il m'a mis le couteau sous la gorge et il m'a dit 'tu fermes ta gueule sinon je te tue'", se souvient-elle aujourd'hui. "Il m'a traîné du côté des toilettes… Je m'étais mise en boule le plus possible pour ne pas qu'il m'attrape mais il m'a attrapée, il m'a tiré quand même. Il m'a étranglé puis de l'autre main, il m'a tiré par les cheveux. Il m'a fait allonger sur les tapis et il m'a dit, tout bas, 'allonge-toi sur le ventre', et il a commencé à m'attacher les mains par derrière. Je lui disais 'laissez-moi partir monsieur, je ne dirai rien à personne'. 'Ta gueule', il me disait tout bas en me tapant".

Il ne fera plus d'autres victimes, c'est ce que je me dis...

"J'étais coincée (...) je n'ai rien su faire". "Après il m'a dit 'mets-toi sur le dos, tu vas me sucer maintenant'. Excusez l'expression. Dans ma tête, je me suis dit : 'si je le mords, il va me tuer'. Qu'est-ce que je pouvais faire ? J'étais coincée. Mais je lui parlais beaucoup pour le déconcentrer. Il se frottait sur moi, je le sentais", poursuit-elle. "Je n'ai rien su faire, même pas le griffer, rien". 

"Il est parti tête baissée". Ce n'est qu'à l'arrivée d'une collègue que l'homme a finalement lâché prise. "Quand elle est arrivée, elle a allumé la lumière et là, il m'a lâchée. Il est parti tête baissée", confie encore Michèle, qui avait un pressentiment : "Je me suis dit : 'il est du coin'. C'était mon intuition". 

Michèle se souvient également de la crainte générale dans la commune. "Tout le monde avait peur. Même moi, quand on venait me parler par derrière, j'avais des hurlements, j'avais toujours un sursaut. Je dormais pas, au début on fait des cauchemars". 

Le sexagénaire se dit soulagée par l'interpellation de son agresseur et sa mise en examen : "Comme ça, il ne fera plus d'autres victimes, c'est ce que je me dis (…) C'est un malade. Attaquer des femmes sans défense, c'est honteux", conclut-elle. La police judiciaire a d'ores et déjà entrepris de recontacter toutes les victimes.