Meuse : un militant anti-nucléaire brave son interdiction de territoire

Le jeune homme avait été condamné à deux ans d'interdiction de se rendre dans la Meuse pour avoir mordu un gendarme à la main, en juillet 2016. Photo d'illustration.
Le jeune homme avait été condamné à deux ans d'interdiction de se rendre dans la Meuse pour avoir mordu un gendarme à la main, en juillet 2016. Photo d'illustration.
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avec AFP
Un opposant au projet de stockage de déchets radioactifs à Bure a franchi la frontière de la Meuse accompagné d'autres militants, afin de dénoncer son interdiction de se rendre dans le département.

Un opposant au projet Cigéo de stockage de déchets radioactifs à Bure, dans la Meuse, interdit par la justice de se rendre dans la Meuse pendant deux ans, a remis publiquement en cause cette sanction lundi en franchissant la frontière du département.

Condamné pour avoir mordu un gendarme. Lundi matin, "Florent" - il ne souhaite pas donner son nom de famille - a franchi symboliquement la frontière entre la Haute-Marne et la Meuse, entouré d'autres militants, pour dénoncer une sanction "disproportionnée, non-justifiée, aberrante". Ce jeune homme, domicilié à Metz, avait été condamné à 6 mois de prison avec sursis et deux ans d'interdiction de se rendre dans la Meuse pour avoir mordu un gendarme à la main lors de l'expulsion de militants anti-Cigéo d'un bois qu'ils occupaient, en juillet 2016. 

Appel à la désobéissance. "Il y a une logique politique derrière cette interdiction, pour couper les gens de leurs copains et copines de lutte", a-t-il expliqué, disant souhaiter "montrer de façon visible la course en avant répressive, à Bure et ailleurs, le glissement autoritaire que représente ce type de mesures". Dans un communiqué, les anti-Cigéo ont présenté son acte comme "inédit et collectivement assumé". Les militants "relaient son appel à désobéir massivement aux restrictions de liberté de circulation, qu'elles soient administratives ou judiciaires".

Le projet Cigéo, qui vise à enfouir à 500 mètres sous terre les déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français, donne lieu depuis des mois à un face-à-face parfois tendu sur le terrain entre porteurs du projet et opposants, ainsi qu'à une véritable guérilla juridique entre les deux parties.

Une sanction autrefois réservée au grand banditisme. Pour Me Gérard Tcholakian, membre du bureau du Syndicat des avocats de France (SAF, gauche), "à l'origine, les mesures d'interdiction de certains territoires étaient essentiellement liées au grand banditisme, aux proxénètes, ensuite cela a un peu évolué, notamment en banlieue parisienne, vers des problèmes de stupéfiants. Et là, on voit ces derniers mois se généraliser des interdictions qui visent des gens engagés sur le plan social et qui se retrouvent avec des condamnations pénales relativement modestes mais auxquelles on ajoute une mesure qui est particulièrement lourde". Florent n'a pas souhaité faire appel de sa condamnation pour ne plus "cautionner cette mascarade" que représente, selon lui, la justice.