Lycée Gallieni de Toulouse : Blanquer promet de "remettre la force du côté du droit"

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Jihane Bergaoui et R.Da. , modifié à
Les enseignants de cet établissement professionnel, en proie à de nombreuses violences, lancent un appel à l'aide dans les colonnes de L'Express. Invité d'Europe 1, le ministre de l'Education annonce l'arrivée d'un personnel spécialisé.
INTERVIEW

Départs de feu réguliers, agressions verbales, physiques, harcèlement des filles. Les professeurs du lycée Gallieni à Toulouse témoignent de leur quotidien dans L'Express, qui évoque un véritable "état de guerre" au sein de l'établissement. C'est aussi un cri d'alarme que lance le personnel à l'attention de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale. Mercredi matin, le responsable gouvernemental promet "une série de mesure concrètes, pragmatiques, pour rétablir le droit et remettre la force du côté du droit".

"Des menaces de morts et des représailles". De l'extérieur, le lycée Gallieni ressemble à un musée d'art moderne : un bâtiment de verre et de métal, entouré d'une grande muraille qui laisse place à de nombreux angles droits, et, donc, des angles morts difficiles à surveiller, explique Fabian Bergès, professeur de mathématiques. Sur les 925 élèves du lycée, il estime que 150 sont des "éléments perturbateurs", dont une quarantaine totalement ingérables. "Ce sont des violences verbales envers les enseignants, des refus d'obtempérer, voire des menaces de morts et des représailles. Entre les élèves ce sont des bagarres, des insultes, des mots violents", détaille-t-il auprès d'Europe 1. "Il y a carrément des zones où certains élèves n'osent pas aller parce qu'elle sont réservées à certains petits caïds qui ont reproduit les codes de la cité intra-muros. C'est très compliqué. Clairement, il faut rétablir la République dans le lycée au plus vite !"

"Une situation complètement inacceptable". Dans les rapports d'incidents, certains professeurs mentionnent même la présence d'arme blanche. Depuis fin décembre, deux agents du rectorat sont venus en renfort pour patrouiller dans les couloirs aux côtés des surveillants. Mais cela n'a pour l'instant pas empêché plusieurs départs de feu ou altercations violentes avec des professeurs. "J'ai entendu ce SOS dès le début du mois de janvier, c'est pourquoi j'ai envoyé une équipe d'inspecteurs généraux pour voir ce qu'il en est. J'ai le rapport depuis avant-hier [lundi, ndlr]. J'ai été profondément scandalisé de ce que j'ai lu. C'est une situation complètement inacceptable et elle va évidemment changer", a réagi mercredi Jean-Michel Blanquer au micro d'Europe 1.

Entendu sur europe1 :
Le sujet est moins matériel qu'immatériel : c'est un enjeu humain

"Dès aujourd'hui, vous allez avoir un personnel de direction expérimenté sur le terrain, qui a connu des situations de ce type et à qui je vais accorder toute ma confiance pour rétablir la situation", promet le ministre qui précise cependant qu'il ne s'agit pas d'un changement de proviseur. "Bien sûr, j'interroge l'ensemble de la chaîne hiérarchique sur ce qui s'est passé. C'est quelque chose d'inacceptable, il y a eu du laxisme. […] Quand on voit 925 élèves pour environ 120 professeurs, le sujet n'est pas un problème de moyens humains. Le sujet est moins matériel qu'immatériel : c'est un enjeu humain", précise-t-il.

De mal en pis. "Là, c'est un cas extrême. On ne doit jamais faire de tableaux excessifs ou caricaturaux. Il y a des établissements qui vont bien, des établissements qui ne vont pas très bien et des établissements qui vont très mal. Celui-là en fait partie", reconnait-il. "Il y a une petite minorité, mais conséquente, plusieurs dizaines de personnes, qui a fait la loi. On n'a pas assez imposé les règles que l'on devait imposer au cours des précédentes années et des précédents mois. […] Un des problèmes importants que l'on a dans ce genre de situation, c'est qu'on laisse faire des petites choses sans les sanctionner : les petits faits d'incivilité, les insultes, etc", détaille Jean-Michel Blanquer qui dénonce également le harcèlement dont sont victimes les jeunes filles de l'établissement. "C'est un symptôme de ce qui ne va pas".