La contestation s'organise à Lille contre le club privé de Génération identitaire

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L’ouverture prochaine d’un club privé à Lille, géré par le mouvement d’extrême-droite Génération identitaire, provoque l’indignation. 

Le "bar privé" n’a pas encore ouvert mais ses opposants sont déjà mobilisés. Le mouvement d’extrême-droite Génération identitaire prévoit d’ouvrir un cercle privé, "La Citadelle" à Lille le 24 septembre. Une pétition a été lancée pour dire "non" à l’ouverture de l’établissement, et certains pensent aussi à des recours juridiques. Mais, cela peut-il aboutir ? 

La pétition. C'est vendredi dernier, vers 18 heures, que Joe Dabit, militante EELV, découvre un article de La Voix du Nord annonçant l’ouverture prochaine de "ce cercle privé, accessible sur adhésion". Aurélien Verhassel, responsable du mouvement Génération identitaire Flandre-Artois-Hainaut, clame dans les colonnes du quotidien que "La Citadelle" se fera "le syndicat de défense des petits blancs". Car, pour le trentenaire, "on ne peut pas être français sans être blanc, sauf exception".

"Lorsque j'ai lu l'article, j'ai vomi", raconte à Europe 1 Joe Dabit . Elle décide alors de lancer une pétition sur Change.org "en tant qu’habitante lilloise et non en tant que militante EELV", tient-elle à préciser. "En quatre jours, la pétition a fait un carton", se félicite Joe Dabit. Près de 6.400 personnes l’avaient signée mardi en fin d’après-midi.

Impossible en l’état d’interdire le bar selon la mairie. Pour autant, l’interdiction pure et simple du lieu semble juridiquement compliquée. La maire de Lille, Martine Aubry, a d’abord salué l’initiative de la pétition dans La Voix du Nord. "Beaucoup de gens ont signé, je trouve cela plutôt bien, ça prouve que les citoyens réagissent". Néanmoins, la marge de manœuvre est, pour le moment, très étroite. "C’est un club privé, géré par une association privée", explique la socialiste. "Si on constate des troubles, des provocations, ou des atteintes à la loi, on répondra. Ça ira du PV, jusqu’à la fermeture. On va être extrêmement attentifs". 

De son côté, Aurélien Verhassel a affirmé sur LCI que "les conditions d'accès se font sur le même principe que l'accès à une association 1901, c'est-à-dire qu'il faudra impérativement avoir sa carte de membre sur soi pour entrer dans le bar". 

"Je demande une ultra-vigilance". Joe Dabit, elle,reste confiante : "ma pétition n’empêchera pas l’ouverture du lieu mais a pour but de donner l’expression aux citoyens qui ne veulent pas des fascistes dans nos villes". La militante, qui a reçu nombre d’insultes sur les réseaux sociaux des identitaires, demande "une ultra-vigilance" de la mairie.

Les Jeunes Socialistes du Nord seront eux aussi "ultra-vigilants". Ils ont appris "avec consternation et effarement" l’ouverture prochaine de "La Citadelle". Dans un communiqué, ils annoncent se réserver le droit "d’étudier tous les recours juridiques contre ce lieu de rassemblement des extrémistes et des extrémismes". Mais, là encore, cela ne semble pas être à l’ordre du jour. Contacté par Europe 1, Medhi Chalah, animateur du MJS Nord, explique : "pour l’instant, les propriétaires évoquent un club privé et non un bar. Juridiquement, il n’y a pas de recours possible". Interrogé sur l’organisation d’une possible manifestation publique, le jeune homme n’y pense pas, évoquant "la dangerosité" des militants d’extrême droite.

Les Antifascistes se mobilisent. Une prudence que ne partagent pas les Antifascistes du Nord-Pas-de-Calais. Dans un communiqué publié sur leur page Facebook, ils invitent à un rassemblement le samedi 24 septembre à 17 heures place de la République, jour de l’ouverture du bar privé. Si nous ne faisons rien, les rues du centre-ville vont se transformer en terrain de chasse pour néo-nazis comme c’était le cas il y a peu encore dans le vieux Lyon", mettent-ils en garde. Contacté par Europe 1, Ali explique que la manifestation n'a pas encore été déclarée en préfecture mais il prévient : "on la fera qu'elle soit autorisée ou pas". "On peut s'attendre à une grosse mobilisation", espère-t-il encore, attendant "plusieurs milliers de personnes".