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Invité sur Europe 1, Jean-Pierre Couteron est président de la Fédération Addiction et médecin addictologue. 
INTERVIEW

En proposant la réouverture du débat sur la dépénalisation du cannabis, le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen a ouvert la boîte de Pandore. Interrogé par Jean-Michel Apathie, le président de la Fédération Addiction et médecin addictologue, Jean-Pierre Couteron, constate l'échec du modèle actuel. Pour le spécialiste, un autre modèle mérite d'être expérimenté en France. 

La légalisation du cannabis serait-elle une bonne ou une mauvaise chose ?

Nous sommes convaincus qu’il faut sortir du système actuel qui a échoué. La question tient désormais au régime à mettre en place pour le remplacer. On sait que les adolescents consomment trop de cannabis, et c’est le grand échec de la politique actuelle. Le problème s’est même aggravé puisque les adolescents consomment désormais du cannabis dès la fin des années du collège. A cet effet, ont déjà été mise en place les consultations jeunes consommateurs. Mais il est important de noter que le cannabis soulève un autre problème d'ampleur : il fait l'objet d'un marché parallèle. Certaines banlieues sont sous la coupe de cette contrebande.

Le risque de la légalisation du cannabis serait-il de voir sa consommation s’accroître dans la société ?

L’interrogation de ce risque est systématique. Lorsque des seringues ont été distribuées gratuitement, pourtant, aucune augmentation de consommateurs de seringues n’a été observée. La seule incidence de cette distribution a été positive : les problèmes rencontrés lors d’injections ont été diminués.

L’Etat doit-il oui ou non légaliser le cannabis ?

Il ne faut pas faire n’importe quoi. Il existe plusieurs manières de légaliser le cannabis : créer une régie, ouvrir des "cannabis social club" comme l’ont fait les Suisses, qui consistent en une production responsable de cannabis, ou encore le modèle portugais où l'on dépénalise simplement la consommation du cannabis sans légiférer sur la production.