Olivier Janson a pointé le manque criant de moyens des parquets français. 1:06
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M.S. , modifié à
Le vice-procureur de la République de Bayonne a expliqué les dangereuses et répétées difficultés financières auxquelles les parquets français sont confrontés.
INTERVIEW

"C’est un peu partout la même chose : nous manquons de personnel, nous manquons d’assistants, nous manquons de budget", résume Olivier Janson. Le vice-procureur de la République et secrétaire général adjoint de l'Union syndicale des magistrats (USM) à Bayonne a évoqué les graves difficultés financières auxquelles font face la majorité des parquets en France, lundi dans Europe Midi.

"Une question de responsabilité". De nombreux procureurs, à l’image de Brice Robin à Marseille, profitent des traditionnelles audiences de rentrée des tribunaux, auxquelles assistent les élus, pour pointer ce manque de moyens et ses conséquences sur l’exercice de la justice. "C’est une question de responsabilité", martèle Olivier Janson. "Nous en avons tous assez qu’on pointe du doigt d’éventuels dysfonctionnements de la justice alors que quelque part, ils sont mécaniquement programmés." Selon lui, un procureur français traite 2.800 affaires par an, contre 700 pour ses homologues allemands sur la même durée.

Des dettes programmées. Au mois d’avril, le tribunal de Bayonne s’est retrouvé en cessation de paiement : il était dans l’incapacité de payer - entre autres - la Poste et ses fournisseurs privés. Avec le gel, puis le dégel du budget en fin d’année, ce retard de paiement a été rattrapé… temporairement. "C’est une dette qui va revenir au printemps", soupire Olivier Janson. "Si nous étions une société privée, nous aurions déjà mis la clé sous la porte."

Le vice-procureur de la République de Bayonne rappelle que selon une étude du Conseil de l’Europe datant de 2014, environ 60 euros par an et par habitant sont consacrés à la justice en France, deux fois moins que les 120 euros moyens en Europe.