L'armée française peine à garder ses soldats, alerte un rapport

Image d'illustration : une caserne militaire française.
Image d'illustration : une caserne militaire française. © JEFF PACHOUD / AFP
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avec AFP , modifié à
"Difficulté à concilier vie militaire et vie personnelle, manque de moyens, crainte d'une perte de compétences, lassitude", sont autant de problèmes pointés du doigt.

L'armée française peine à fidéliser ses soldats en raison des conditions de vie au sein de l'institution et de la concurrence du privé, souligne un rapport du Haut comité d'évaluation de la condition militaire (HCECM) rendu public vendredi soir. "La fidélisation constitue un défi de première importance" à l'heure où l'armée, mobilisée sur tous les fronts, a d'importants besoins en ressources humaines, relève ce 11e rapport thématique du Haut comité intitulé "La fonction militaire dans la société française".

"Difficulté à concilier vie militaire et vie personnelle, manque de moyens, crainte d'une perte de compétences techniques et tactiques, lassitude face aux difficultés rencontrées en matière de soutien et d'environnement (infrastructure et hébergement)" : voilà autant de "facteurs négatifs" qui "pèsent sur le moral" des militaires et leur envie de rester dans l'institution, détaille le HCECM. Seuls 65% des militaires du rang rempilent ainsi dans l'armée de Terre et 58% dans l'armée de l'Air après un premier contrat (d'une durée de trois à cinq ans en général).

Un inquiétant manque d'entraînement. Premier sujet de préoccupation majeur, les militaires s'estiment insuffisamment entraînés, faute d'équipements disponibles en métropole, du fait des multiples engagements en opérations extérieures (Opex). Le Haut Comité indique avoir rencontré des équipages de blindés qui "n'avaient ni tiré, ni manoeuvré avec leur matériel de dotation depuis près de deux ans". Selon l'état-major, 20% des pilotes de l'Aviation légère de l'armée de Terre (ALAT) - qui regroupe une grande partie des hélicoptères de l'armée - ne sont pas aptes à une "mission de guerre", faute d'heures de vol et moins de 60% des équipages d'avions de transport tactique sont qualifiés pour l'atterrisage en terrain sommaire, pourtant essentiel en opérations.

Délabrement et concurrence du privé. La dégradation des infrastructures immobilières et conditions d'hébergement constitue un autre point noir. Selon l'état-major, près de 80 centres de restauration sur 350 devront ainsi fermer pour non-conformité s'ils ne sont pas rapidement modernisés. "Les militaires souffrent de ces 'délabrements' qui pèsent sur leur vie quotidienne, au quartier comme à l'entraînement", écrit le HCECM. Il est par ailleurs difficile de fidéliser fusiliers marins et fusiliers commandos de l'air, chargés d'assurer la protection des bases, des métiers jugés peu attractifs.

La concurrence du secteur privé est en outre "forte pour des spécialités de haute technicité" comme la maintenance aéronautique, les systèmes d'information, la cybersécurité ou la chirurgie en médecine militaire, constate encore le rapport. Il offre généralement des salaires et conditions de vie beaucoup plus attractifs.