La sainte tunique de Jésus exposée à Argenteuil à partir de vendredi

tunique argenteuil 1280
La tunique a été donnée au 9e siècle par l'impératrice de Byzance à Charlemagne. © MARTINE ARCHEMBAULT / AFP
  • Copié
, modifié à
Il n'existe que trois vêtements reliques de Jésus dans le monde, dont une exposée jusqu'au 10 avril à la basilique d'Argenteuil. 

Une relique sainte exposée deux fois par siècle, des milliers de dévots attendus... nous ne somme pas au Vatican mais... à Argenteuil. La Sainte tunique de Jésus va en effet être exposée à partir de vendredi aux yeux des fidèles dans la basilique Saint-Denys de cette commune du Val d'Oise. Elle y restera accessible jusqu'au 10 avril, tous les jours de 10h à 22h.

Un événement exceptionnel. Durant trois semaines, ce sont 150.000 personnes qui sont attendues à Argenteuil, au nord de Paris. Et pour cause, cette ostension (présentation aux fidèles d'une relique, ndlr) est un fait rare. La dernière date de 1984 et normalement, il aurait fallu attendre 2034 pour assister à la prochaine. Si le diocèse de Pontoise a accéléré le calendrier, c'est que cette année, il fête deux anniversaires : ses 50 ans d'existence et les 150 ans de la construction de la basilique Saint-Denys. Sortir la Sainte tunique de son écrin est donc une occasion de marquer le coup, d'autant plus que selon l'Eglise, il n'existe aujourd'hui plus que trois vêtements ayant été portés par le fondateur du christianisme. Les deux autres sont un suaire conservé à Oviedo en Espagne et un linceul gardé à Turin. 

Un habit à l'histoire mouvementée. Cela fait environ 1.200 ans qu'Argenteuil est l'heureux possesseur de cette relique et cela grâce à Charlemagne. C'est en effet l'empereur franc qui a reçu en cadeau au 9e siècle cette tunique de la part de l'impératrice de Byzance, Irène. Charlemagne l'a ensuite légué à sa fille Theodora, supérieure du monastère... d'Argenteuil. Depuis, la précieuse tunique n'a pas bougé, quitte à être dissimulée pour échapper à la destruction. Quand les Vikings ravagent les bords de Seine au Moyen-Âge, elle est cachée dans les murs de l'abbaye. A la Révolution française, un curé du coin la découpe en plusieurs morceaux qu'il enterre ensuite, selon le site dédié à la relique.

La tunique du Christ, vraiment ? L'Eglise a toujours reconnu que l'authenticité de la tunique n'avait jamais été prouvée. Mais plusieurs preuves scientifiques abondent en ce sens. La tunique, faite en laine et d'une seule pièce, a été colorée selon des procédés en vigueur au Moyen-Orient au début de notre ère. Son tissage correspond aussi à ceux qui utilisés en Syrie et en Palestine au 1er siècle. Elle est bel et bien tâchée de sang, de plus de groupe AB, comme celui qui a été retrouvé sur les deux autres tuniques. Les scientifiques y ont aussi retrouvé deux pollens n'existant qu'en Palestine (le pistachier et le tamarin).

Cependant, une étude en 2004 qui a daté l'habit au carbone 14 a démontré qu'il avait été fabriqué au 6e siècle, soit presque 600 ans après la mort de Jésus. De quoi penser que la tunique est surtout le fruit d'une escroquerie. Au Moyen-Âge, le culte de saints étant très important, la fabrication et le trafic des reliques se portaient bien.