La créatrice du burkini : "c'est juste un maillot de bain !"

La créatrice du burkini, Aheda Zanetti, à droite.
La créatrice du burkini, Aheda Zanetti, à droite. © AFP
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Aheda Zanetti, une Australienne d’origine libanaise, s’indigne de la polémique autour de ce maillot de bain couvrant qu’elle a elle-même créé en 2004.
INTERVIEW

En imaginant en 2004 à Sydney, le burkini, Aheda Zanetti n’imaginait pas une seule seconde que douze ans plus tard, son maillot de bain destiné aux musulmanes créerait une telle polémique en France. Cette Australienne d’origine libanaise revient pour Europe 1 sur les conditions de création du burkini et sur la controverse qui agite actuellement l’hexagone.

Comment avez-vous eu l’idée de créer le burkini ?

C’était en 2004. Je regardais ma nièce jouer au netball, un jeu qui ressemble à du basket. Elle a choisi de se voiler à un jeune âge. Je l’ai regardée et j’ai pensé qu’il n’y avait pas de tenue de sport adaptée pour ces femmes qui ont choisi de porter le voile. Je me suis donc assise un soir, en me demandant ce que moi, je porterai. Je voulais m’assurer que ce maillot de bain serait aussi adapté au mode de vie australien. J’ai donc remplacé le voile par cette capuche afin qu’on ne puisse pas dire : « c’est une fille musulmane ». Si ces filles décident de porter le hijab, et c’est leur choix, je ne voulais pas non plus qu’elles se privent d’activité physique.

Le succès a-t-il été immédiat ?

On a lancé officiellement la compagnie en novembre 2004 et ça a tout de suite été un succès. Dès que le site a été ouvert, dans la semaine qui a suivi, j’ai eu ma première commande en provenance d’Angleterre puis des Etats-Unis. Depuis, le succès ne s’est jamais démenti.

Vos clientes sont-elles exclusivement musulmanes ?

Le produit a été créé pour les femmes musulmanes mais je crois que 30% de femmes non musulmanes achètent le burkini. Cela peut-être des femmes juives, des mormones, des chrétiennes, des hindoues… ou même des femmes qui veulent protéger leur corps du soleil.

En France, plusieurs maires ont décidé de bannir le burkini des plages, créant une énorme polémique. Qu’en pensez-vous ?

Ils en font un symbole politique alors qu’ils devraient le voir comme quelque chose de positif. Ces femmes, quelle que soit d’ailleurs leur religion, peuvent continuer à être actives et aller sur la plage. Je ne comprends pas, c’est juste un maillot de bain ! Cela ne fait de mal personne ! Le burkini ne discrimine personne. La dernière chose à faire, c’est d’interdire quelque chose et donc de créer de la haine. Aucun politique ne peut arrêter une femme qui veut acheter un burkini. A la place, ces femmes vont aller passer leurs vacances ailleurs qu’en France, en Espagne…ou alors en Australie, nous nous accueillons tout le monde ici !

Etes-vous inquiète pour vos ventes à l’avenir en France ?

(Rires) Oh, non pas du tout ! Au contraire, on a eu une augmentation des ventes en France depuis plusieurs semaines, entre 35 à 40%. Ces femmes vont continuer à acheter le burkini et peu importe qu’elles aillent nager en France, en Espagne, en Suisse ou ailleurs… Personne ne pourra les arrêter de faire ce qu’elles veulent.