Bébé rom : "une injure à ce qu'est la France" pour Valls

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Le nourrisson de deux mois est mort le 26 décembre. Le maire de Champlan a refusé qu’il soit enterré dans le cimetière de la commune.

L’INFO. Quelques jours après les fêtes de fin d’année, et alors que tout le monde a encore en tête les délices de Noël, l’affaire a choqué. Le maire de Champlan (Essonne) a en effet refusé d'inhumer dans le cimetière de sa ville le corps d’un bébé rom de deux mois. Motif invoqué : la mort du nourrisson "avait été déclarée à Corbeil-Essones". Une attitude qui a scandalisé l’ensemble de la classe politique, tous partis confondus.

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"Priorité est donnée à ceux qui paient leurs impôts locaux". Christian Leclerc, l’édile au cœur du scandale (photo), s’est expliqué dans les colonnes du Parisien, rejetant toute idée de racisme, avancée à grand bruit par les associations droit-de-l’hommistes. "Nous avons peu de places disponibles (...) Il nous faut gérer les places au cas par cas, selon les circonstances, et si la famille habite sur place. Les concessions sont accordées à un prix symbolique et l'entretien coûte cher alors priorité est donnée à ceux qui paient leurs impôts locaux." Des explications qui n’ont pas convaincu ses collègues politiques, outrés par sa décision.

Dimanche, le maire de Champlan a donc apporté des précisions sur sa décision, niant s'être opposé à l'inhumation du bébé rom : "A aucun moment je ne me suis opposé à cette inhumation. La mayonnaise a été montée", a-t-il déclaré. "On avait le choix (pour l'enterrement, Ndlr) entre Corbeil et Champlan. J'ai dit OK mercredi matin pour l'un ou l'autre des scénarios", a-t-il ajouté, estimant que sa réponse pouvait avoir été mal interprétée par les services de la ville.

"Injustifiable et inhumain". Invitée d’Europe 1 dimanche matin, Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem, a jugé "injustifiable et inhumain" la décision de Christian Leclerc. "C’est quelque chose qui me dépasse complètement. Je n’arrive même pas à comprendre comment ce maire a pu penser et aborder la question de cette façon-là", a ajouté l’eurodéputée centriste.

Le co-président du groupe Europe-Ecologie les Verts à l'Assemblée nationale, François de Rugy a fait part de la même indignation, toujours sur Europe 1 : "Je crois que l’on est tombé très très bas dans l’inhumanité. Si on est même plus capable d’offrir un coin de cimetière à un enfant de quelques semaines qui est décédé, pour qu’il ait une sépulture digne et que ses parents puissent se recueillir, c’est que l’on est tombé très très bas… Un maire est quelqu’un qui est là pour assurer le vivre-ensemble".

Manuel Valls, Premier ministre, Alexis Bachelay, député PS des Hauts-de-Seine, Marie-Pierre Mossion de La Gontrie, conseillère régionale PS d'Île de France, et Nathalie Goulet, sénateur UDI de l'Orne ont quant à eux exprimé leur "nausée" face à ce refus, "une injure à ce qu"est la France" pour le chef du gouvernement sur Twitter :

 

"C’est un acte raciste, discriminatoire". Le ccommuniste Ian Brossat, adjoint au logement de la Mairie de Paris, contacté par Europe 1 dimanche matin, juge lui aussi cette décision "intolérable". Mais il va plus loin encore que ses collègues. "Ce maire doit se remettre en cause. Je pense que cela mériterait des poursuites judiciaires car c’est un acte raciste, discriminatoire et on n’a pas le droit d’agir de cette manière dans notre pays. Le racisme est un délit, ce n’est pas une opinion. Alors qu’un maire puisse encourager cette incitation à la haine raciale, c’est absolument monstrueux."

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"Il y a dans cette affaire des questions de droit". Le Défenseur des droits, Jacques Toubon (photo), s'est dit quant à lui "bouleversé" et "stupéfait" par cette affaire. Il "va appliquer sur cette question la méthode qui est la sienne depuis toujours - obtenir les informations et les points de vue de tous - et peut-être agir", a-t-il dit, en soulignant que la question des "discriminations devant la mort" a déjà été prise en compte par le Défenseur dans le passé.  "Il est clair qu'il y a dans cette affaire des questions de droit", a insisté Jacques Toubon, laissant entendre qu'il pourrait s'en saisir.

"On ne pouvait pas laisser cette situation dans l'état". Maria Francesca sera finalement inhumée à Wissous, une commune située à sept kilomètres de Champlan. "Par simple souci d'humanité, on ne pouvait pas laisser cette situation dans l'état", a déclaré le maire UMP de Wissous, Richard Trinquier. "Une mère qui a porté un enfant pendant neuf mois et qui le perd à deux mois et demi, ce n'est pas la peine d'aggraver sa douleur." L’Association de solidarité en Essonne avec les familles roumaines et roms prendra en charge la majeure partie des frais d’obsèques.

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