Journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire : une pétition pour "clarifier" les dates de péremption

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Certains distributeurs préconisent de rallonger, voire de supprimer, certaines dates de péremption. (Image d'illustration) © JEAN-MICHEL ANDRE / AFP
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avec AFP
Alors que la France célèbre mardi la 5ème journée nationale de lutte contre le gaspillage, consommateurs et distributeurs sont de plus en plus nombreux à plaider pour une remise à plat du système des dates de péremption.

Les dates de péremption, mises en place pour prévenir tout risque sanitaire, suscitent la confusion chez certains consommateurs au point de contribuer à 20% du gaspillage dans les foyers. Certains appellent donc à les réformer. Une pétition, intitulée #ChangeTaDate, vient notamment d'être lancée à destination des industriels et des distributeurs pour "qu'ils clarifient leurs dates de péremption", annonce ainsi Lucie Basch, fondatrice de l'application mobile "Too Good To Go". Alors que la France célèbre mardi la 5ème , cette initiative a déjà récolté près de 13.000 signatures.

Un étiquetage réglementé mais confus

Des dates de péremption peu explicites. "A consommer de préférence avant" (date de durabilité minimale, DDM), "à consommer jusqu'au" (date limite de consommation, DLC) : ces formulations ne sont-elles pas dépassées, renchérit Rose Boursier-Wyler, également membre de l'application mobile "Too Good To Go". Cette appli anti-gaspillage, qui vise à "sauver" à prix réduit des repas qui seraient sinon jetés à la poubelle, a décidé de s'attaquer au problème de la "crédibilité" et de la "légitimité" de ces mentions, réglementées au niveau européen. "Too Good to Go" organisait jeudi à Paris une table-ronde avec différents acteurs de la chaîne alimentaire. Avec pour objectif d'écrire une "feuille de route" pour le gouvernement qui doit, dans le cadre de la loi Alimentation votée dernièrement, publier un rapport dans un an sur l'harmonisation de ces dates.

Un consommateur "conditionné". Dans les années 1950-1960, les intoxications alimentaires font encore des milliers de morts en France : dès que le pays "retrouve son autosuffisance alimentaire", explique Jean-Charles Catteau, consultant indépendant, l'Etat décide de réglementer. Malgré la levée de boucliers des industriels de l'agro-alimentaire, les dates de péremption sont appliquées en 1984... et parfois apposées sur des produits non-périssables ! Mais "le consommateur est tellement conditionné par ces dates" qu'il finit par être "piégé" et ne fait plus appel au bon sens pour savoir si un produit est périmé ou pas, estime Jean-Charles Catteau, pour qui il faut "les repenser". Un avis rendu par la Commission européenne en 2011 avait évalué à 20% le gaspillage alimentaire des foyers dû à une mauvaise compréhension de ces dates.

 

Repenser la définition de la "péremption"

Trois critères pour fixer une date. Concrètement, comment sont-elles définies ? "Dans nos laboratoires, nous faisons des tests de vieillissement accéléré pour voir comment le produit se comporte", explique Claire Meunier, de chez Coca-Cola, en tenant compte de trois critères : la dimension sanitaire (absence de bactéries), la qualité (le goût) et les propriétés intrinsèques (vitamines, minéraux). Mais "pourquoi certains produits sont-ils en DDM et d'autres en DLC ? Pourquoi, quand on mange un yaourt après la date, n'est-on pas malade ?", interroge Anne Legentil, pour l'association Familles rurales. Loin d'être supprimées, ces dates doivent apporter "une véritable information" aux consommateurs, dit-elle.

"Recréer de la valeur". D'où l'idée de les simplifier et d'utiliser la traduction de l'anglais "best before" ("meilleur avant"), comme le préconise également Carrefour qui, dès 2014, a modifié ou supprimé les dates de consommation de 500 de ses produits à marque propre (MDD). Par exemple, "on a allongé la DLC de cinq à dix jours sur certains produits frais ou d'épicerie, tel le yaourt qui est passé de 23 à 30 jours, et enlevé la DDM sur d'autres", comme le vinaigre, le sel ou le sucre, explique Bertrand Swiderski, directeur RSE du groupe. Et qu'on ne dise pas à ce cadre dans la distribution que l'allongement des dates de péremption réduit "la rotation des produits": "c'est un faux problème", réplique-t-il. "Allonger les dates de péremption, c'est lutter contre le gaspillage, c'est recréer de la valeur tout au long de la chaîne alimentaire", estime-t-il.