"Je tue pour le plaisir et j'assume" : un chasseur répond à ses détracteurs

© GUILLAUME SOUVANT / AFP
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Romain David , modifié à
TÉMOIGNAGE - Interrogé par Wendy Bouchard sur Europe 1, l'ancien porte-parole de la Fédération nationale de la chasse a voulu défendre une pratique qu'il estime respectueuse de la nature.
TÉMOIGNAGE

>> La saison de chasse a été provisoirement suspendue sur une partie de la Haute-Savoie après la mort d'un vététiste britannique, touché par un tir le 13 octobre. Un drame qui, une fois encore, pose la question d'une réglementation plus ferme de la chasse, voire de son interdiction partielle ou totale. 

Alors que plusieurs accidents ont eu lieu en ce début d'automne, que les défenseurs des animaux dénoncent la baisse annoncée du prix du permis de chasse et la violence d'une pratique qu'ils jugent cruelle et archaïque, Pierre de Boisguilbert, ancien porte-parole de la Fédération nationale de la chasse, livre un témoignage surprenant, jeudi chez Wendy Bouchard dans Le Tour de la question, sur Europe 1.

>> De 9h à 11h, on fait le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l'émission ici

"Je tue par plaisir et j'assume. [...] La chasse est un rapport à la nature et à l'animal que l'on a en soi ou que l'on n'a pas. Je chasse par amour, parce que j'ai un amour immodéré pour la nature. Je passe 80% de mon temps dans la nature, seul en forêt ou en montagne. J'adore ça.

J'ai des chiens, des chevaux, des ânes. Le chevreuil est mon animal emblématique et préféré. Je suis un passionné de chasse à l'approche du brocard (nom donné au jeune chevreuil mâle, ndlr), l'été. J'en ai tiré beaucoup, et j'en tire de moins en moins, alors que j'ai plus d'occasions que quand j'étais jeune. Pourquoi ? Parce qu'à chaque fois que je prélève un brocard, j'ai effectivement ce sentiment mêlé - que des auteurs ont exprimé bien mieux que moi par le passé-, d'un moment de gravité où j'ai conscience de ce que je fais et dont, en même temps, j'ai besoin.

Suis-je pour autant un pervers ? (...) Quand je donne au brocard ce que l'on appelle, dans notre jargon, la 'dernière mangeure', c'est-à-dire que je lui mets dans la bouche une branche d'herbe ou une feuille de chêne, c'est une symbolique humaine, qui ne veut rien dire pour l'animal puisqu'il est mort, mais c'est une manière de le considérer et d'acter que j'ai fait un geste grave.

[...] La chasse n'est ni la guerre ni un jeu. Dans la guerre il y a un adversaire, la guerre c'est quand le lapin a un fusil. [...] Ça n'est pas le logiciel de la majorité des Français. Mais, dans une société de plus en plus violente, où tout se fait dans la violence, dans la polémique et non dans le débat, de grâce, qu'on nous laisse vivre de façon réglementée et organisée, mais sans nous condamner."

"La chasse est un sport d'un autre âge"

Nous vous avons demandé sur la page Facebook d'Europe 1 si vous souhaitiez que la chasse soit définitivement interdite. Sur près de 83.000 votes vendredi à 12h00, vous êtes 54% à répondre "oui". 

Outre le danger qu'elle peut représenter pour les promeneurs, de nombreux commentaires s'offusquent des conséquences de cette pratique sur la faune. "La chasse en soi permet de réguler les déséquilibres causés par l'homme, c'est la chasse abusive et juste pour le plaisir de tuer des animaux […] qui doit être interdite", a notamment réagi un internaute. "D'autres solutions peuvent être mise en place plutôt que d'abattre froidement et sans scrupule des pauvres bêtes sans défense", abonde une autre. 

Entendu sur europe1 :
Entendu sur europe1 :
Je ne suis pas chasseur mais c'est non. Ensuite ce sera la pêche, le vélo, la voiture, etc.

"Que la chasse soit interdite et que l'Etat se charge de réguler la nature avec la création de postes de 'chasseurs professionnels', propose Valérie, alors que l'argument de la régulation des espèces est notamment avancé par les défenseurs de la chasse. "Je ne suis pas une fervente de la chasse (sic), mais malheureusement je crois qu'on ne peut pas s'en passer totalement. Beaucoup de prédateurs ayant disparus dans de nombreuses régions, les chasseurs participent au maintien d'un équilibre écologique", avance ainsi Maïder, alors que Mikaël estime que "la chasse permet de réguler les déséquilibres causés par l'homme".

Parmi les autres arguments avancés par les défenseurs de cette activité figurent également la liberté de chacun. "Je ne suis pas chasseur mais c'est non. Ensuite ce sera la pêche, le vélo, la voiture, etc.", s'agace par exemple Michel.

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