Ils demandent l'arrêt des soins pour leur bébé prématuré

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Fabienne Cosnay avec Stéphane Place et Laure Dautriche à Poitiers , modifié à
Le nourrisson, grand prématuré, a fait une hémorragie interne et grandira handicapé. Ses parents dénoncent "un acharnement thérapeutique". 

Une situation douloureuse. "On ne veut pas de cette vie là pour notre fils". Les parents d'un bébé grand prématuré, soigné par le CHU de Poitiers et placé sous respirateur artificiel et sous perfusion, réclament de mettre fin aux soins prodigués à leur enfant. Le petit garçon, prénommé Titouan, est né le 31 août, près de quatre mois avant la date du terme. Deux semaines après sa naissance, il ne pèse toujours que 900 grammes, mais surtout, selon les parents, le bébé a fait une violente hémorragie interne cérébrale. L'enfant aura des séquelles mais il est encore impossible pour les médecins de prédire le degré de son handicap.

"C'est de l'acharnement". "Depuis plus d'une semaine, on a pris cette décision. Qui veut une vie de handicap pour son fils ? S'il y a des familles qui le souhaitent, nous, nous ne le souhaitons pas", a confié le couple de trentenaires originaire de Charente-Maritime, près de Saintes, qui dénonce "un acharnement thérapeutique" et  souhaite alerter l'opinion sur cette question.

"On ne nous assurera jamais qu'il pourra vivre par la suite. Nous savons qu'il a de graves séquelles, mais ils veulent le maintenir en vie. On l'a vu pleurer, il s'agite et on nous dit 'Ne vous inquiétez pas, il ne souffre pas'. C'est très difficile", ont ajouté les parents. Réanimé par des médecins à Saintes, Titouan est actuellement maintenu en vie par une assistance médicale lourde.

"On ne peut pas être devins". Du côté de l'hôpital, on demande du temps et du calme. "C'est une réflexion complexe qui ne doit pas se faire dans l'urgence. On ne peut pas être devins sur les séquelles lourdes ou moins lourdes qu'un certain nombre de prématurés auront", explique au micro d'Europe 1 le Professeur Fabrice Pierre, du service gynécologie-obstétrique du CHU de Poitiers.

Le professeur réfute, en tout cas tout "acharnement thérapeutique" ou "réanimation intensive" : "il y a actuellement une réanimation d’accompagnement pour appréhender au mieux l'évolution de cet enfant, et pour voir que l'on constate en terme de handicap et surtout en terme de gravité éventuelle de ce handicap", a-t-il précisé au micro d'Europe 1.

Une décision dans les prochains jours. Face à la demande répétée des parents, l'équipe de néonatalogie du CHU de Poitiers a sollicité l'avis d'un groupe d'éthique de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris. Selon l’hôpital, une réunion devrait avoir lieu avec des médecins de plusieurs hôpitaux et avec les parents. A l'issue de cette réunion, dans les jours qui viennent, la décision de maintenir en vie le nourrisson ou d'arrêter les soins sera prise.

10.000 grands prématurés naissent chaque année. 10.000 grands prématurés, c'est-à-dire des bébés venus au monde avant d'avoir atteint 32 semaines de grossesse, naissent chaque année en France. Pour ces enfants, les risques de séquelles sont quatre fois plus importants que pour les nourrissons nés à terme, souligne Le Figaro.