Thierry Lepaon : "on peut apprendre comme on peut désapprendre" à lire

"Il y a une multitude de raisons qui conduisent à ne pas apprendre mais aussi à désapprendre", pointe Thierry Lepaon.
"Il y a une multitude de raisons qui conduisent à ne pas apprendre mais aussi à désapprendre", pointe Thierry Lepaon. © Europe 1
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Clémence Olivier , modifié à
Thierry Lepaon, délégué interministériel à la langue française pour la cohésion sociale, invité au micro de Matthieu Noël, mercredi dans Debout les copains! sur Europe 1, rappelle qu'en matière d'illettrisme les préjugés ont encore la vie dure.
INTERVIEW

Trois millions de personnes souffrent encore, aujourd'hui en France, d'illettrisme, dont 1,5 million de salariés. "Toutes les classes sociales, tous les âges sont concernés", rappelle mercredi Thierry Lepaon, délégué interministériel à la langue française pour la cohésion sociale, invité au micro de Matthieu Noël, dans Debout les copains, sur Europe 1. "Mais il y a quand même deux courbes qu'il faut analyser : la courbe de la pauvreté et la courbe de l'illettrisme. La France est coupée en deux. Au nord, c'est plus grave qu'au sud. Quand on regarde région par région, on se rend compte que courbe de pauvreté et courbe de l’illettrisme sont parallèles".

Des raisons différentes. En France, c'est la région des Hauts-de-France qui est la plus touchée par l'illettrisme, suivie par la Normandie, précise Thierry Lepaon. "On se rassure parfois en se disant que ce sont les autres. Mais les personnes illettrées peuvent vivre dans des quartiers prioritaires de la ville, d'autres vivent en zones rurales. Ce ne sont pas les mêmes populations et les raisons ne sont pas les mêmes. Il y a une multitude de raisons qui conduisent à ne pas apprendre mais aussi à désapprendre", pointe-t-il.

>> De 5h à 7h, c’est “Debout les copains” avec Matthieu Noël sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Car on peut aussi redevenir illettré, après avoir pourtant appris à lire pendant ses études. "On peut avoir un diplôme de niveau 4 ou 5 quand on a 20 ans, trouver une activité professionnelle qui ne soit pas en relation avec son éducation, et cinq, six, dix ans après on se rend compte que les gens ont perdu leurs acquis, au moment souvent d'une restructuration lourde. Ils ne savent plus lire, ni écrire, ni compter", assure le délégué interministériel à la langue française pour la cohésion sociale. "On peut apprendre, comme on peut désapprendre". 

Miser sur l'éducation. Pour lutter contre l'illettrisme, Thierry Lepaon estime qu'il faut miser sur l'éducation. "On sait aujourd'hui qu'un enfant entre quatre et cinq ans, même s'il est scolarisé, peut être en immense difficulté. Or on sait que ces difficultés initiales vont le poursuivre tout au long de la vie. Le fait de couper les classes en deux et de mettre des enseignants pour des plus petits groupes, ce que fait le ministre de l'Education nationale aujourd'hui, est une bonne mesure". 

Dans l'entreprise, il faut également que la loi soit respectée : "Quelqu'un qui est rentré dans l'entreprise avec un CAP ou un BPE il y a cinq ou six ans, devrait avoir un niveau égal en terme de qualifications et de connaissances notamment sur la lecture, l'écriture et le calcul", détaille-t-il. "Cela veut dire de la formation professionnelle", réclame-t-il.