"Il y a une libération de la parole des victimes", se félicite le président de "SOS homophobie"

Joël Deumier, SOS homophobie, Europe 1, 1280
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Grégoire Duhourcau , modifié à
Joël Deumier, président de "SOS homophobie", se réjouit au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1, de constater que les victimes d'homophobie "osent davantage en parler" aujourd'hui.
INTERVIEW

Les agressions homophobes semblent se multiplier depuis le mois de septembre. "On constate depuis la fin de l'été, une succession inquiétante d'actes homophobes", relève Joël Deumier, président de l'association "SOS homophobie", au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1. Mais "ça ne veut pas forcément dire qu'il y a une augmentation de l'homophobie", explique-t-il.

"Il y a toujours eu une honte de parler des violences homophobes." Selon lui, ce sentiment d'augmentation est lié au fait que "les médias en parlent beaucoup plus", mais également "parce qu'il y a une libération de la parole des victimes". "On constate, au mois de septembre, une augmentation de 37% des appels sur la ligne d'écoute de 'SOS homophobie' par rapport à septembre 2017."

"Les victimes aujourd'hui, osent davantage aller au commissariat de police, à la gendarmerie, déposer plainte, appeler 'SOS homophobie', en parler", se satisfait Joël Deumier, pour qui "il y a toujours eu une honte de parler des violences homophobes".

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"Pédé reste la première insulte prononcée dans les cours de récréation." "Ces violences homophobes sont ancrées dans notre société, elle persistent malgré l'évolution des droits, l'évolution des mentalités", déplore-t-il, évoquant une violence "banalisée" et "générale". "Pédé reste la première insulte prononcée dans les cours de récréation."

Il s'adresse donc directement à Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale. "Il faut que le ministre sorte une campagne de sensibilisation nationale de lutte contre l'homophobie à l'école pour sensibiliser les élèves, mais aussi les personnels pédagogiques à l'existence et la persistance de l'homophobie en milieu scolaire."

"C'est prévu", a répondu Jean-Michel Blanquer, invité d'Audrey Crespo-Mara un peu plus tard sur Europe 1. Le ministre, qui a promis un geste "volontariste" sur le sujet, a assuré que lors de la journée de lutte contre le harcèlement scolaire le 8 novembre, il irait, en compagnie de "Brigitte Macron dans un établissement pour bien signifier que c'est un point important". "Parmi les éléments malheureusement graves du harcèlement scolaire, il y a l'homophobie."

"Nous ne voulons pas revivre" 2012. Joël Deumier avoue par ailleurs, redouter une "déferlante de haine" en raison des débats sur la PMA et la GPA. En 2012, lors de la mise en place du mariage pour tous, "il y a eu une explosion des actes homophobes signalés à 'SOS homophobie. Nous ne voulons pas revivre cela".