Harcèlement sexuel au travail : une Française sur trois en a déjà été victime

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(Photo d'illustration.) © Fabrice COFFRINI / AFP
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J.R.
Une étude de l’Ifop, publiée mardi, fait état d’une forte progression des cas de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle au travail.

Les cas de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle au travail sont en nette hausse. Selon une étude réalisée par l’Ifop* et révélée mardi par France Info, près d’une Française sur trois (32%) en a déjà été victime. Ces cas sont en forte progression par rapport à la précédente enquête sur le sujet, publiée en 2014, déjà par l’Ifop (20% à l’époque, soit +12 points en quatre ans).

Les gestes et regards grossiers les plus fréquents. L’étude relève que "les formes verbales ou visuelles sont les plus répandues." 34% des femmes ont ainsi subi au moins une fois des gestes grossiers au travail (19% à plusieurs reprises), comme des clins d’œil, des sifflements ou des regards déplacés. 27% des Français ont également eu droit au moins une fois à une remarque gênante sur sa silhouette ou sa tenue (14% de manière répétée).

Le harcèlement sexuel au travail ne se limite pas seulement à des gestes ou à des regards. Ainsi, 24% des Français ont déjà subi des contacts physiques légers, comme un effleurement du visage ou des jambes. 13% se sont vus imposer au moins une fois des attouchements sur une zone génitale ou érogène, comme une main aux fesses ou un baiser volé. Les pressions pour obtenir un rapport sexuel contre une "promotion canapé" sont en revanche plus limitées, avec 8% des femmes en ayant été victimes.

Les lesbiennes et bis bien plus touchées. L’étude brise également de nombreuses idées reçues sur le profil des victimes. Les femmes lesbiennes et bis sont ainsi largement plus touchées par le harcèlement sexuel au travail (60% ont déjà été harcelées, contre 34% des hétérosexuelles). "C’est comme si, dans un monde du travail valorisant assez peu l’anticonformisme, leur transgression des normes de genre les explosait plus à des risques de ‘rappels à l’ordre’ de leurs collègues masculins", avance l’Ifop.

L’étude précise que les femmes célibataires sont également plus exposées que celles en couple, comme celles travaillant en milieu urbain. Les cadres et professions intellectuelles supérieures sont elles aussi deux fois plus nombreuses (40%) que les ouvrières (23%) à avoir déjà été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail.

Peu de femmes osent briser le silence. L’étude de l’Ifop démonte également l’idée reçue selon laquelle les agressions sexuelles au travail seraient majoritairement le fait de supérieurs hiérarchiques. Le plus souvent, les agresseurs sont ainsi des collègues ou encore des clients ou des fournisseurs, alors que "seule une minorité de femmes déclarent que l’auteur était un(e) supérieur(e) hiérarchique."

Mais quel que soit l’auteur, les femmes n’osent encore que très rarement parler de ces cas de harcèlement et d’agression. Si l’étude note une "indéniable libération de la parole des femmes sur les réseaux sociaux, seule une très faible minorité de victimes parvient à briser le mur du silence." Les femmes qui osent franchir le pas sont plus jeunes, plus diplômées et plus aisées que la moyenne. 

*Sondage réalisé par l'Ifop pour le site viehealthy.com sur un échantillon national représentatif de 2.000 femmes âgées de 15 ans et plus