Une mère raconte le suicide de sa fille, harcelée à l'école

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Fabienne Cosnay , modifié à
TÉMOIGNAGE - Dans le livre Marion, 13 ans pour toujours, une mère raconte l'enfer vécu par sa fille au collège. Un harcèlement qui a conduit l'adolescente à se suicider.

L'histoire n'est pas nouvelle mais fait aujourd'hui l'objet d'un livre. Dans Marion, 13 ans pour toujours paru mercredi, Nora Fraisse revient sur le suicide de sa fille, victime de harcèlement dans son collège. Ce 13 février 2013, Marion veut rester au lit. L'adolescente se plaint de maux de ventre, refuse d'aller au collège. Sa mère s'absente de la maison familiale quelques heures. Quand elle revient, Nora Fraisse découvre le corps sans vie de Marion. La collégienne s'est pendue dans sa chambre avec son foulard.

Des humiliations passées sous silence. Dans un premier temps, le geste de Marion est incompréhensible pour sa famille. Discrète et souriante, l'adolescente est une élève brillante, elle a un petit ami et ne se plaint jamais auprès de sa famille. "Je croyais tout savoir de toi (…) Mais les brimades, les humiliations, les insultes, tu les as passées sous silence comme si tu ne voulais pas nous souiller, comme si ça ne devait prospérer que dans le monde d’Internet", écrit Nora Fraisse dans son livre.

"Ma vie a dérapé et personne ne l’a compris". Nora Fraisse découvrira le calvaire de sa fille dans une lettre que Marion laissera à l'intention de ses camarades de classe. "Ma vie a dérapé et personne ne l’a compris", écrit l'adolescente. Marion était devenu la "salope", "la bolosse" de sa classe. Les journées de classe s'enchaînent et se ressemblent, et les humiliations continuent.

La collégienne est harcelée partout, dans la cour de récréation, sur Facebook, par SMS. Dans son récit, sa mère tente de poser des mots sur ce qu'a vécu sa fille. "C'est comme le supplice chinois : goutte à goutte, puis on n'en peut plus". La veille de son passage à l'acte, Marion s'entend dire par un camarade de classe : "Va te pendre". Le lendemain, la collégienne se suicide.

La lettre d'adieu laissée par Marion avant sa mort et publiée sur la page Facebook qui lui rend hommage :

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Sortir "du déni collectif". Le livre de Nora Fraisse est sévère pour l'Education nationale. "En face de nous, nous avions une administration muette, des enseignants fuyants et des parents parfois hostiles", écrit la maman de Marion. "Si Marion avait été enlevée, les gens du village, les profs, les élèves, se seraient battus à nos côtés pour la retrouver. Là, nous nous sommes démenés seuls", assure t-elle.

Dans un billet de blog publié jeudi sur Le Huffington Post, Nora Fraisse appelle les pouvoirs publics à sortir "du déni collectif" autour du harcèlement scolaire, qui rappelons le, touche un enfant sur dix. "Aucune campagne de lutte contre le harcèlement entre élèves n'a été initiée depuis novembre 2013, aucune parole forte sur ce sujet n'a été prononcée par notre nouvelle ministre de l'Education nationale", déplore la maman de Marion.

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