Fabrice Nicolino, photographié le 25 septembre 2015. 1:07
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M.S. , modifié à
Le journaliste, durement blessé aux jambes lors de l'attentat contre "Charlie Hebdo", se rétablit peu à peu.

"Lorsque vous vous réveillez le matin, la première chose qui s’impose à vous, c’est qu’il s’est passé quelque chose le 7 janvier." Pour Fabrice Nicolino, gravement blessé aux jambes presque un an jour par jour dans les locaux de Charlie Hebdo, "la vie continue, mais différemment". Le journaliste se remet peu à peu, mais reste "diminué physiquement". "Je continue à souffrir pas mal, pour être sincère", confie-t-il. "Mais ça va, j’arrive à rire et à sourire."

"Ca a été très, très rapide". Ce jour-là, Fabrice Nicolino se trouvait à côté de l’économiste Bernard Maris, qui figure parmi les personnes assassinées dans les locaux de l’hebdomadaire satirique. Il explique sobrement, avec émotion, combien "il est difficile de se souvenir précisément de cette journée". "Ca a été très, très rapide. Je me souviens de l’arrivée d’un des frères Kouachi. Je me souviens de certaines phrases, dont 'ils sont tous morts ? Ces fils de pute !'". Pour lui, il est aussi important de rendre hommage aux deux autres personnes blessées le 7 janvier, le journaliste Philippe Lançon, gravement touché à la mâchoire et le webmaster Simon Fieschi, dont on a longtemps craint qu'il ne reste paralysé. 

François Hollande "profite d’un effet d’aubaine". Il y a autre chose qui révolte Fabrice Nicolino : les commémorations de l’attentat et la réponse politique de l’exécutif. "Je vois trop l’utilisation qui est faite, à la fois de l’attentat du 7 janvier et à la fois de l’horreur du 13 novembre", s’indigne-t-il. "Il est évident qu’il [François Hollande] profite d’un effet d’aubaine qui lui permet de relancer sa carrière politique." Tout en étant choqué et horrifié, le journaliste se désole du fait que les attentats du 13 novembre ont selon lui éclipsé la COP21, qui commençait peu après. "J’ai un peu mal de voir ce pays s’agenouiller et trembler de peur parce qu’une douzaine de salopards ont pris les armes et tiré dans le tas".