En France, sur les routes nationales, un pont sur trois a besoin de réparations

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La plupart des ponts à réparer en France doivent faire l’objet de "petites réparations" pour prévenir des dégradations structurelles © GUILLAUME SOUVANT / AFP
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avec AFP , modifié à
Sur les autoroutes et routes nationales gérées par l’Etat, 30% des ponts devraient faire l'objet de petites réparations, et 7% d'entre eux pourraient même s'effondrer à terme, selon un audit récent demandé par le gouvernement. 

Le drame de Gênes pourrait-il se produire en France ? Un audit récent, demandé par le gouvernement, révèle que près d’un pont sur trois sur les routes nationales de l’Hexagone nécessite des réparations. Selon cet audit, 30% des 12.000 ponts que compte le réseau routier non concédé à des sociétés privées sont à réparer, et 7% d'entre eux présentent même un "risque d'effondrement" à terme, soit environ 840 ouvrages.

Les réparations effectuées... 22 ans après. La dégradation des chaussées et des ouvrages d'art est même jugée "préoccupante" par le rapport, qui qualifie de "vieillissant et dégradé" le réseau routier français non concédé à des sociétés privées, qui s'étend sur 12.000 km, s'ajoutant aux 9.000 km d'autoroutes concédées.

Un constat d'autant plus préoccupant qu'en moyenne, un pont "n'est réparé que 22 ans après l'apparition des premières dégradations", ajoute le document. Si rien n'est fait, en 2037, 62% des chaussées seront "très dégradées", souligne le document, qui a été demandé par le gouvernement pour l'aider à préparer le budget de la programmation des infrastructures.

" L'eau s'infiltre et attaque la structure "

Intempéries et trafic routiers en cause. À l'origine des dégradations, les hivers rigoureux et les intempéries, qui provoquent l'arrachement des couches superficielles des routes, et un trafic élevé avec des pointes de trafic supérieures à 30.000 véhicules par jour sur certaines portions. "Si les voies ne sont pas réparées à temps, l'eau s'infiltre et attaque la structure de la chaussée", indique le texte. Le document estime à 1,3 milliard d'euros en moyenne par an les dépenses annuelles à prévoir pour l'entretien et la remise en état du réseau. Cette année, le budget prévoyait 800 millions d'euros - ce qui est toutefois davantage que chez nos voisins d’Europe du Sud, comme l'Italie. "L'entretien, c'est notre priorité", a assuré la ministre des Transports Elisabeth Borne mercredi, rappelant sa volonté de présenter "à la rentrée" une loi de programmation des infrastructures.

Des inspections régulières. Pour autant, pas d’affolement : la plupart de ces ponts à réparer doivent faire l’objet de "petites réparations" pour prévenir des dégradations structurelles. "S'ils sont bien conçus, ces ouvrages ne sont pas dangereux car ils sont normalement construits dans de bonnes conditions", expliquait mardi sur Europe 1 Michel Virlogeux, ingénieur des ponts et chaussées. Elisabeth Borne a également rappelé mercredi que "tous les ponts font l'objet de visites annuelles et de visites plus détaillées tous les trois ans". Un grand viaduc comme celui de Millau, "de conception beaucoup plus récente", comporte "beaucoup de capteurs", a-t-elle précisé, et est inspecté régulièrement. Et, comme le rappelle LCI, les deux derniers ponts à s’être effondrés dans l’Hexagone, l’ont été en 1978 et 1985.